vendredi 3 janvier 2020

Claude Pélieu au Silo - IV. III.


IV
NOUS VIVONS L'HISTOIRE DANS UN CAUCHEMAR.
par
Claude Pélieu (1977)

3
Le Dr Szabo renifle les aisselles des hallucinés et se pique avec de la sueur de schizophrène. Il s'intéresse aux minorités. Ce qu'il entend par minorités ne nous intéresse pas - l'ordinateur de la Division Bleue explose - le Dr Szabo apparaît sur l'écran, nous réprimons un haut-le-cœur. Le président met un mouchoir sur sa bouche - le Dr Szabo revient d'une balade sur l'Étoile Gelée. Nous aurions dû l'enfermer dans les archives du passé.

Un agent malade apparaît sur l'écran - puis le Ritz, Rosebud Motel, l'hôtel Hilton, la pension de famille de Mme O' Connelll, l'hôtel Nirvana - l'agent malade s'agite sur l'ancienne ligne Manson-Nixon, s'embusque dans le maillot de corps de quelqu'un d'autre - des groupies tapinent au bar du El Coyote... pas très propres les mémés, je dis ça en passant... les messages cosmiques de Peggy Creamcheese décollent des chiottes tous les quarts d'heure... des intellectuels fatigués ajustent leurs dentiers, glissent sur les peaux de bananes de la 23ème Rue... Une lueur de fin du monde danse dans leurs yeux.

La toux sexuelle des années 50 s'échappe des boudoirs des psychiatres juifs de Greenwich Village - le Dr Szabo mélange les images affreuses, Hiroshima On Ice, Treblinka, Saïgon, le Goulag, Cape Town - et voici le Métis Planétaire pété comme une huître, sortant du « Pink Cloud » un bar de pédés de Frisco - il est arrêté et embarqué à bord d'une soucoupe banalisée, traversant deux univers - nous le projetons dans une bulle de néon, direction KETCHUP ÉNIGMATIQUE...

Southside Johnny, agent à mi-temps, gynécologue amateur, pianote sur le siège du cabinet de toilette, écoutant les bandes magnétiques du swami - des images sexuelles flottent dans les rues grises - je tourne le bouton, l'écran devient rose - une vue de Paris, la Goutte d'Or, et cette bonne vieille pédale qui a des ardoises dans tous les bordels à garçons du Tiers-Monde est déguisée en marchande de quatre saisons - le film est en mauvais état - murmures chauds et froids, odeurs de banlieue et de bidonville, trous du cul ridés, bouches édentées - Apocalypse sonore derrière l'écran de fumée... partouze, muzak et drugstore , minets et loubards... le cerveau du président explose comme un fruit blet, se transforme en poussière, se perd dans l'infini - un missile intercontinental déchire l'air.

FLASHBACK - les gens qui vivent dans la nature n'ont rien à foutre des discours des écologues - ils savent ce qu'ils font en toute occasion. Ils connaissent leurs animaux et leurs hommes. Métal de mort dans l'aube froide - plein de bruits bizarres repoussant les signaux de l'ombre, sur le rivage, contre une balustrade de nuages. Un ange éteint toutes les lampes et donne l'alarme - des culs-de-jatte gesticulent dans leurs boîtes à orgone, des pygmées se réfugient dans les chiottes de l'Hôpital de la Légion d'Honneur, les cradingues occupent les grands hôtels - le goût de l'oubli se répand, et l'ennui pompeux, dialectique, pesant, ésotérique, vaguement scientifique - une voix nasillarde, d'outre tombe, se répand dans l'univers blafard.

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posted by Lucien Suel at 08:44