Claude Pélieu au Silo - I. 6.
I
«
PASSE-MOI LE SEL MARCEL, FUCK OFF ADOLF ! »
par
Claude
Pélieu (1970-73)
6
LA
RÉALITÉ DU MONDE INTÉRESSE LES PRODUCTEURS DE SONS DE MOTS
D'IMAGES ALORS QUE TOUT EST IMAGINÉ ALORS CONJURONS L'ESPRIT
DE CATASTROPHE---
DEATH FREEZER
Au
jour le jour nous découvrons ce qui nous révolutionne. Une autre
fenêtre s'ouvre sur le monde réel.
Toutes
les étoiles sont roses ce soir. Personne ne craint leurs tatouages.
Personne ne peut expliquer un bruit.
Nixon
est un Yippie. Je le vois. Une belle matinée dansante. Obéissant à
un geste de Ginsberg la Nasa-Mafia
Motherfucker
tremble sous la pluie. Des soleils blancs au coin du feu --- les
enfants affichent leurs soleils qui ont faim et qui saignent sur les
pages blanches des poètes --- mondes et anti-mondes intimement liés
par la peur.
DEATH
FREEZER.
Nous
sommes au cœur de la jungle industrielle, avec le son de Frisco en
cassettes. Les robots sont là. Les dieux morts rayent le microsillon
de la vie. Les forces du mal mangent tout ce qui respire.
Collier
d'yeux-myosotis au-dessus de Half Moon Bay --- une source de sperme
bleu jaillit --- symphonie blonde et rousse au-dessus de Bixby
Canyon, et le BUS de Kesey encore attelé aux étoiles filantes, et
Neal Cassady dans le ciel orangé (j'entends encore son rire chez Ted
Wilentz et au Peace
Eye Bookstore)...
les morts s'entassent dans un drive-in
et se rassemblent sur la ligne d'horizon... flûtes, gongs et
tambourins... les images saignent une dernière fois ; comme le
visage de William rougissant sur le mur de l'Hôtel Chelsea... le
téléphone sonne, le sang ruisselle sur le mur, c'est la voix de
Larry Ferlinghetti... « Kerouac est mort »... Tiens, Jean-Jacques
était là il y a quelques semaines, il a laissé une tonne de
journaux... et ce soir-là Jimi Hendrix est arrivé dans son habit de
lumière, et plus tard, sur la Troisième Avenue, Janis me pinça le
bras très fort, et Ken Weaver vida une bouteille de Téquila, et la
gaine de la nuit se détacha du ciel.
Une
anémone brûle dans la cheminée. Le jade brûle dans les yeux des
chats. Les fantômes font les cent pas. Rafales de vent tiède
gémissent. Chênes, hêtres, trembles et peupliers gémissent. C'est
le printemps. Au-dessus de l'aéroport, veillant sur les tours de
contrôle, une lune rose se balance, comme un vieux nichon.
La
vraie vie n'est pas idéologique.
Nous
sommes informés par des structures moribondes, la situation globale
du village planétaire arrache les masques du réalisme. Los Angeles
n'est plus une ville, c'est un poème POP électronique.
La
télé est plus importante que le fusil, le message sexy de la
nouvelle technologie n'est pas dans le déjà-vu de l'environnement
neutre. Alors l'hallucination Mao, l'hallucination USA/URSS ? Tous
s'installent dans un vide que les pires réactionnaires renoncent à
occuper.
Nous
sommes dans le troisième âge de l'audiovisuel.
Les
étoiles sont si grandes et la terre est si petite, plus une vitre ne
nous sépare de l'Univers --- les démons doivent partir --- Tim
Leary et la Conscience Civilisée n'ignorent pas que le médium est
le message. Le message sexy illuminant le night club de l'Univers et
le drugstore du Ciel.
Tim
Leary est de nouveau en prison, entre les mains des robots, faisant
face à de nouveaux juges. On a du mal à y croire, cette guerre de
race et de religion a quelque chose de saugrenu. Le génocide
psychédélique est une réalité. Comment chasser les démons ?
Comment éliminer les mauvais dibbouks ? Comment conjurer l'esprit de
catastrophe ? Comment effacer la sinistre machine de contrôle ?
Comment désenvoûter les drogues ? Comment ? --- nous sommes dans un
creux, dans un gouffre où la criminalité et l'hystérie ont
remplacé la vision --- nous dérivons autour d'une chanson, revivant
à 20 000 km/h l'explosion des années 60.
Que
faire ? Fuck Nam, Calley, Manson, CIA, Festival de Mort, Police du
Cerveau, Industrie de Mort, répression, prohibition, ennui,
désespoir, maladie, Technopolis, Fat City, Ass-Fuck-Nasa-Mafia, etc,
que faire ? --- il est trop tard, il est trop tôt --- la
contre-culture est le fruit de cette CONSCIENCE, de cette jeunesse
qui révolutionne tout, et qui balaie les révolutionnaires
professionnels,
gérants et voyageurs de commerce manipulés par les robots aux
cheveux courts.
Génocide
psychédélique, génocide américain, génocide chinois, génocide
soviétique, génocide industriel et militaire, persécutions
religieuses revivant avec les avatars de la chasse aux sorcières et
de la guerre froide --- la Police du Cerveau règne, et chaque jour
l'être cru perd du terrain, robots et virus patrouillent dans le
ciel avec le Dieu de la Mort.
Rock
Mantra pour une autre fois --- Libérez les pauvres souffrants.
Légalisez la marijuana et les drogues onirogènes. Sabotez la
machine de contrôle. Ne tuez personne. Débranchez les ordinateurs.
«-Paradise Now ! ». Hallucinex en 5 dimensions. Libérez la Terre,
la Planète-Océan, revenez, corps et âmes, lâchez vos armes et vos
cocktails Pavlov, effacez les rues sans joie, quittez les cités
cancéreuses, voyagez sans passeport, ou mieux demandez celui de
Citoyen du Monde, ne soyez pas séduits par les hallucinations des
super-états et des gouvernements de la terre, désarmez les robots
et les majorités silencieuses schizophrènes et téléguidées ---
ceci est possible, non-violence & musique --- ceci rendra
possible ce que tous les êtres vivants désirent. Je ne vois pas
d'autres solutions.
Claude
Pélieu
New
York/London, 70-73
EARTH
Libellés : Livre de Claude Pélieu, Pélieu
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