Claude Pélieu au Silo - I. 3.
I
«
PASSE-MOI LE SEL MARCEL, FUCK OFF ADOLF ! »
par
Claude
Pélieu (1970-73)
3
MOBFUCK
--- meutes policières ivres de haine et de violence --- le
prolétariat sexuel attaque les tribus multidimensionnelles. La
Machine de contrôle s'adapte à toutes les idéologies.
Il
y a des milliers d'images que nous ne pourrons pas oublier dans cette
vie ni dans l'autre. La mort télévisée nourrit les ordinateurs.
Nous ranimons le feu volé aux enfants et aux dieux, ces dieux que
vous portez en vous, malgré les images pieuses et fades qui
obstruent la piste ouverte par votre conscience. (Il y a longtemps,
Charles Manson, dans une lettre adressée à Tim Leary, affirmait que
la mort n'existait pas, que c'est une affaire psychosomatique).
Mutations/Action
des mots, des images, des mots électrifiés ici-dedans et là-dehors.
Au-delà
des mots, les vagues.
Bulles
et lames fleuries au-dessus du paysage crassier.
Péniches muettes glissant sur les eaux de la Tamise.
Péniches muettes glissant sur les eaux de la Tamise.
Cigarettes-néons
au-dessus de Cool Grass Hill.
Le
feu murmure, « où va le vent ? » --- une vague d'électricité
dévore les étamines et les rides multicolores d'une décennie.
Enfants
du vent le lait du ciel vous éclabousse.
Brouillage
de l'image corps/âme entraînant une vision.
Ô
enfants-corolles meurtris par l'air du temps flottant au-dessus de
San Francisco, roulant dans les odeurs de rock 'n roll, assis sur la
neige, des bruits bizarres franchissant les rideaux de fer. KOKAÏNE
KARMA DANS UN MUR GRIS --- adieu tout ça ! --- adieu Kosmos Kristal
Palace, adios.
Incognito
Pop, il n'était pas possible d'écrire autrement. Péninsule Pop et
giboulées de cul, Alice Cooper brûle les écoles, morsures bleues
dans la brume-trou, Dieu décroche son fusil à canons sciés et
ouvre le feu sur la planète bleue et verte.
Été,
automne, hiver, printemps, réalisme magique de la dernière
frontière télectronique --- et l'écho lointain de toutes les
galaxies --- ZAPOCATACLYSME ! ! --- vous êtes tout le village
global, vous êtes la grande banlieue interplanétaire
multidimensionnelle, vous êtes toute la démocratie télectronique,
vous n'avez rien à voir avec les pets qui changent l'Histoire, ni
avec les sueurs d'excréments idéologiques, mais vous devez mesurer
l'ampleur du désastre éco-psychique. « Earth Read Out --- The
revolution is over --- Tough shit, you missed it », ne soyez plus
hantés par la foule de chiens que vous portez en vous. La violence
du pouvoir ne peut plus se contenir.
(Que
les idéologies veuillent bien trouver ici l'expression de nos plus
sincères condoléances ; mesdames, rien n'est moins durable que le
bonheur) --- des cavaliers bleus traversent le rideau de turquoise du
Nouveau-Mexique, cadavres d'Apaches et de Comanches pourrissant sur
les pitons, vautours planant dans le ciel bleu, des villes
ultra-modernes se dressent au bord des canyons --- néons de Los
Angeles, téléviseurs escaladant la grande muraille de Chine,
Drosera et Captain America enduisent de pâte vaginale l'obélisque
de la Concorde, émeutes et massacres --- qui va estampiller les
miettes ? Avaler les restes ?
S'ouvrir,
s'accorder, s'évader.
Contre-culture
et culture mobile hors des ruines.
Ils
ont planté un drapeau sur la lune.
S'ils
veulent survivre ils seront bien obligés de manipuler cette momie,
de la baiser, par devant et par derrière, de photographier leurs
organes génitaux, d'éjaculer sans stimulant, et de projeter ces
photos sur la viande fumante de leur famille terrestre, pendant que
l'homme aux yeux de détergent fera exploser le pèse-bébé.
Il
n'y a pas de quoi fouetter un pénis à ailettes, le con s'est bien
installé dans la société de consommation, qui déjà n'est plus
qu'un mauvais souvenir. La vie continue. L'âme a besoin de l'oxygène
du désir.
Sortez
maintenant du Temple Hamburger, ne restez pas couchés sur le
mouchoir à carreaux de l'Europe Livide.
Libellés : Livre de Claude Pélieu, Pélieu
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