samedi 14 mars 2015

Il pleut ou il fait beau... (50)

Je laisse filer le canin (animal en gueule étreignait un mot),
j'ai vu que ce qu'il tenait en crocs crades
n'était qu'un rapport des RG, copie baveuse de dépositions,
conclusions sommaires ; trop pour appareil d’État mais pour moi fifrelin.
Ce n'est pas mon mot disparu. Je suis le chien
alors que vitrines reflètent l'asphalte luisant de toute cette flotte
tombée en début de soirée et de femmes au sourire tarifé.
J'aurais préféré qu'apparaisse en blanc un gars du labo,
secrétaire aux ongles manucurés glissants en rehaut de bretelle ou chef
qui me dise : « rideau que je tire n'a aucun rapport
avec ce que vous avez découvert en niais, étirant les plis,
je veux juste m'isoler des cocotiers et des palmes molles
et du staff laiteux des colonnades qui imite le marbre rose ».
Mais tenace je suis le chien, de péristyles clinquants en pilastres arrosés,
de cabines téléphoniques éclairées en coins de bas de portes cochères.
On n'entend plus que le bruissement tourmenté des palmes grinçantes,
j'apparais soudain trempé de pluie, en soie rien de grave :
l'index de ma main en poche presse une détente imaginaire.
A Manacoa, pourtant, les oiseaux enregistrés se sont arrêtés de chanter.
à suivre...
« Il pleut ou il fait beau tout le temps au début », un feuilleton de St. Batsal(le pôle qu'elle nie)
ce texte n'est pas tiré d'un vrai fait divers, de même que toute ressemblance, y compris en URSS.

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posted by Lucien Suel at 06:38