Claude Pélieu au Silo - VI.2.
VI
AMUSE-CRÂNE,
intersections
de Claude Péloquin
par
Claude Pélieu
2
AUSSITÔT QUE TU DIS
VITESSE TU DIS SOLITUDE - pensée-bouée, fumée dépliée, Police
Télévisée, sperme électrique léché par l'onde - RIDICULE COMME
UN VENDREDI SAINT, j'en conviens - hostie, otage neutre, flocons d’œil - Comment survivre quand tout est truqué ? Quand tout est
entre les mains des robots, des chiens sales, des psychopathes et de
l'Administration Totale ? Comment survivre quand on est seul, flippé,
réac (comme ils disent) ? Quand on est pré-enregistré par le
Bureau des Idées, programmé et sans cesse menacé par le Parti
Intellectuel et les cons ? L'Esprit Sale et Laid a même éteint la
voix du paysage - ne désespérons pas, la tristesse est obligatoire
- et comme je le disais à Honey Boy Bongo : « Apartheid ou pas, du
moment qu'on a la santé... » - tessons zodiacaux dans le ciel
grillagé par les idoles de l'eau et du feu.
LES VRAIS MAGICIENS
NE LE FONT PAS EXPRÈS - rêver alors ? Immobile, voguant sur les
Sargasses vides, avec les images bègues de la Nouvelle France -
labourant le rêve-fumée des hauts plateaux -LA POÉSIE COÛTE LA
PEAU, on en vit, bien ou mal, mais on n'en meurt pas - champs de
pavots, plantations de kief, sommeil-harpon rêvant sur la piste
morte, lames géantes murmurant sur le toboggan des nerfs.
J'AILLEURS J'ACIER
JE CAÏMAN ET JE PIEDS NICKELÉS ENCORE - murmure-hasard - LA PEUR
C'EST LA PATIENCE DES FAIBLES - paroles froides dans les murs,
bagages de nerfs gémissant sur une vague morte, îlots crucifiés,
fumée fanée, ondes-antennes déployant la pluie d'autrefois -
légende d'aluminium - J'AI VU LA TERRE DANS UN DÉPOTOIR MAGNIFIQUE
- écrivant sur la double piste pensée, bandes audio des nerfs
disent : LES FEMMES SERONT DES CHIENNES TANT QUE NOUS SERONS DES
CHIENS - miroir harponné par le rêve immobile de l'argile, flocons
scalpés - horizon transparent - sperme-cyclone crucifié sur
l'onde-larme - coupure transparente - Fleur de l'âge, minute de
silence - îlots de mots irradiés, antennes labourant le ciel d'eau,
parole-horizon splashant lumière-laque, flocons et bribes - un rire
solitaire pogné sur le toboggan galactique. Traces lointaines,
invisibles, coulant, dépaysant, dérapant - lampes scalpées - ondes
perdues dans le désert - couleur silencieuse saignant sous le choc -
écume d'herbe, fumée écrivant larmes dans l’œil froid - poussière
murmurant « civilisation » - On ne rend hommage qu'aux morts. Le
reste, le dérive, la poésie, la défonce, n'est qu'une affaire de
vivants.
Libellés : Livre de Claude Pélieu, Pélieu
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