Tours et détours (3/3)
Les lettres
sont jetées. Le stylo ira
couler jaune
comme un chien mort. Les
murs de ma
tête sont fissurés. Algues
molles,
colonnes de sable liquide sur
les ombres
glacées. Le tatou ondulait
dans
l'amertume. Le chevalier manchot
glissait de
sa selle. Le halo mourant
de la lune
s'effilochait dans le soir
tombant.
L'épine infectait le majeur.
La rétine se
desséchait. La fée liait
les gerbes de
blé nain, suçait avide,
les
épluchures d'une orange. Qu'ai-je
donc fait ?
J'ai parlé violemment par
plaisir. La
douleur efficace m'a noué
les nerfs,
lacé les bras. Je n'ai pas
pu traverser
la manche, ni la piscine
miraculeuse.
Au lieu de ça, la fée me
bourrait de
crêpes au sucre. Solution
angélique de
la nuit à l'hôtel. Toute
l'eau de la
poche ruisselait dans les
gouttières de
zinc. Pigeons griffant,
poissons
soufflant, je soupirais. Mes
paupières se
fermaient dans le miroir
du couloir.
La moquette rasait le mur
du silence.
De fait, j'étais terrifié
dans mes
chaussons. Un somnambule qui
voyait tout
et n'entendait rien. Voie
sans issue.
Artères bouchées. Le sang
cogne.
Finalement, j'ai réussi. Faire
passer le
tout avec des bouteilles de
vin, des
canettes de bière. Un simple
jeu
d'enfants. Sauter, sourire, nier.
Libellés : Lucien Suel, Poésie, Tours et détours, Vers arithmogrammatiques, Vers justifiés
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home