Lucien Suel & Arnaud Mirland en concert (3/10)
Troisième morceau du concert de Cheval 23, le 6 avril 2010 à La Java :
"Fille du Nord", un poème écrit d'après la chanson de Bob Dylan,"Girl From North Country". Ce poème figure dans le recueil "Canal mémoire", disponible aux Editions du Marais du Livre.
"Fille du Nord", un poème écrit d'après la chanson de Bob Dylan,"Girl From North Country". Ce poème figure dans le recueil "Canal mémoire", disponible aux Editions du Marais du Livre.
Fille du Nord (d'après Bob Dylan)
si tu te déplaces là-bas vers le Nord
très loin où le vent est cassant dans
la bande de la frontière rappelle-moi
au bienveillant souvenir de celle qui
vit là elle était mon amour autrefois
Le vent du Nord respire en se tordant
sur le galbe de la planète, terrorise
en octobre le géranium, effarouche en
novembre le chrysanthème, ballotte en
décembre le blé d'hiver, extermine en
janvier le puceron. Aiguilles glacées
dans les lèvres noires de l'obscurité
boréale. Le voyageur claque des dents
sur l'asphalte sonore, rêche et gris.
si tu marches là-bas lorsque la neige
recouvre la ville floconneuse lorsque
la rivière s'engèle à la fin de l'été
vois je t'en prie si son manteau sera
assez chaud pour la protéger du vent.
Le canal s'allonge entre peupliers et
saules. Un cortège de péniches creuse
une entaille livide dans l'eau froide
picorée par les mouettes. Les percots
louvoient entre les hameçons de métal
garnis de lombrics convulsés. Cruelle
morsure dans les ténèbres aquatiques.
Le pêcheur se frotte le flanc tout en
se dandinant sur le chemin de halage.
je t'en prie vois si sa chevelure est
longue flamboyante dans les rayons du
soleil couchant regarde avec mes yeux
si sa chevelure serpente dans son dos
oui voilà mon plus précieux souvenir.
La mousse dépasse le bord du verre et
coule en longs filets glissant sur la
plaque trouée du zinc du comptoir. La
Blanche de Bruges tournoie au fond de
la gorge des filles blondes ou brunes
qui secouent leurs cheveux en arrière
vers la devanture de l'estaminet noyé
de buée tiède. Dans le néon jaune, le
satin cramoisi, l'harmonica hoquette.
je me demande perpétuellement si elle
se souvient de moi j'ai beaucoup prié
pour elle dans la nuit obscure de mon
âme dans l'éclatante clarté du soleil
je pince les cordes je souffle je vis
Le voyageur se hâte à la brune. Il se
dirige à gauche, l'ouest rose dans le
sable, dans les dunes, puis à droite,
l'est sombre dans la terre, parmi les
labours. Son front est incisé par une
ligne d'ombre. Il marche vers le feu,
vers le soleil, vers le Nord, vers le
haut, vers la nuit, vers le Nord. Une
brassée d'aubépine bourgeonne en lui.
si tu te déplaces là-bas vers le Nord
très loin où le vent est cassant dans
la bande de la frontière rappelle-moi
au bienveillant souvenir de celle qui
vit là elle était mon amour autrefois
si tu te déplaces là-bas vers le Nord
très loin où le vent est cassant dans
la bande de la frontière rappelle-moi
au bienveillant souvenir de celle qui
vit là elle était mon amour autrefois
Le vent du Nord respire en se tordant
sur le galbe de la planète, terrorise
en octobre le géranium, effarouche en
novembre le chrysanthème, ballotte en
décembre le blé d'hiver, extermine en
janvier le puceron. Aiguilles glacées
dans les lèvres noires de l'obscurité
boréale. Le voyageur claque des dents
sur l'asphalte sonore, rêche et gris.
si tu marches là-bas lorsque la neige
recouvre la ville floconneuse lorsque
la rivière s'engèle à la fin de l'été
vois je t'en prie si son manteau sera
assez chaud pour la protéger du vent.
Le canal s'allonge entre peupliers et
saules. Un cortège de péniches creuse
une entaille livide dans l'eau froide
picorée par les mouettes. Les percots
louvoient entre les hameçons de métal
garnis de lombrics convulsés. Cruelle
morsure dans les ténèbres aquatiques.
Le pêcheur se frotte le flanc tout en
se dandinant sur le chemin de halage.
je t'en prie vois si sa chevelure est
longue flamboyante dans les rayons du
soleil couchant regarde avec mes yeux
si sa chevelure serpente dans son dos
oui voilà mon plus précieux souvenir.
La mousse dépasse le bord du verre et
coule en longs filets glissant sur la
plaque trouée du zinc du comptoir. La
Blanche de Bruges tournoie au fond de
la gorge des filles blondes ou brunes
qui secouent leurs cheveux en arrière
vers la devanture de l'estaminet noyé
de buée tiède. Dans le néon jaune, le
satin cramoisi, l'harmonica hoquette.
je me demande perpétuellement si elle
se souvient de moi j'ai beaucoup prié
pour elle dans la nuit obscure de mon
âme dans l'éclatante clarté du soleil
je pince les cordes je souffle je vis
Le voyageur se hâte à la brune. Il se
dirige à gauche, l'ouest rose dans le
sable, dans les dunes, puis à droite,
l'est sombre dans la terre, parmi les
labours. Son front est incisé par une
ligne d'ombre. Il marche vers le feu,
vers le soleil, vers le Nord, vers le
haut, vers la nuit, vers le Nord. Une
brassée d'aubépine bourgeonne en lui.
si tu te déplaces là-bas vers le Nord
très loin où le vent est cassant dans
la bande de la frontière rappelle-moi
au bienveillant souvenir de celle qui
vit là elle était mon amour autrefois
Lucien Suel
Libellés : Archives, Arnaud Mirland, cheval23, Lucien Suel, Performance, Poésie sonore, Rock, Vers justifiés, Vidéo
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