Venir au vent (XV) par Laurent Margantin

vers le spitzberg

notations-respirations

IV

 Et de cette autre fenêtre

les mêmes arbres

noirs et crépusculaires

 

une lumière qui tremble

l'eau du jour

rapide et blanche

 

le feu

étincelles dans le courant

rivière ancienne

 

et encore

plus loin

la route qui descend

 

un pont en bas

l'eau verte et bleue

les herbes agitées

 

impossible miroir

cette eau trop vive

ce jour trop blanc

 

à cette fenêtre

ouverte aux arbres

noirs et immobiles

 

clarté

lointaine mais vive

or blanc de l'eau

 

et les branches

au-dessus de la route

comme une arche

 

ce jour d'hiver

j'écoute le dehors

le même silence

 

naissant encore

au jour comme

en ce pays effacé

 

chaque lieu

peut délivrer

un son rare

 

murmure

ce silence infini

du matin

 

un nom vivant

comme le sont

certains noms

 

poésie tue

infinitésimale

respiration

 

ce qui restera

de ce moment

une écoute

 

pliée

dans la solitude

une union

 

Laurent Margantin est un auteur et traducteur vivant à la Réunion. Il a publié plusieurs récits (Aux îles Kerguelen, Le Chenil, Roman national) aux éditions Œuvres ouvertes et des poèmes dans plusieurs revues. Il travaille depuis plusieurs années à une édition critique du Journal de Kafka accessible en ligne (www.journalkafka.com). Dernière publication : Les Carnets du nouveau jour /3 (éditions Œuvres ouvertes)