Claude Pélieu au Silo - VII.5.
VII
J'AI
PASSÉ PAR LÀ POUR VENIR ICI
par
Claude Pélieu
5
À la nuit tombée,
une poussière phosphorescente danse devant nos yeux, balles
traçantes de la colère voyageant dans les étoiles - Nous savons
pas mal de choses sur l'espace, nous devons le conquérir maintenant
- Nous avons absorbé les mots qui nous aident à vivre, nous les
avons rejetés, et ils viennent mourir avec les vagues sur le sable
de Wild Cat Creek... les enfants illettrés sautent de planète en
planète... sur Terre dix milliards de crustacés retardés
s'écoutent parler, se surveillent jour et nuit d'un bout à l'autre
du monde... Les satellites de communication et les ordinateurs
scellent le pouvoir des images télévisées... Dieu, astronaute
anonyme, rit dans sa barbe... Rumeurs de guerre civile, propagandes,
peste, le tumulte des discours et les vociférations sont couverts
par la chanson des télex, des radars, des sonars, des telstars et
des caméras-lasers - J'entends les hurlements des manifestants bien
ancrés dans la médiocrité, piégés dans leurs scaphandres de
peau, intoxiqués par les idéologies du passé - Opération
HOLOGRAPHIE - Survivront-ils ? Par quoi remplacerons-nous ?... Les
voleurs de temps et la famine menacent les trois-quarts de la
planète... C'est simple, tout est produit et empaqueté, hot and
cool, soft and hard - c'est comme ça, c'est possible entre ce qui
est et ce qui devrait être - le bazar idéologique se dissout dans
les chiottes du drugstore du ciel - de nouvelles technologies nous
imposent de nouvelles guerres et un nouveau style de vie. Nous sommes
prêts - CHANGER OU DISPARAÎTRE, déclencher, provoquer, partir ou
vaporiser de la merde de poulet dans les coulisses de l'univers... Je
manque de m'évanouir chaque fois que j'entends parler de «
révolution sexuelle », branlette dans la poussière d'étoile... un
rayon gamma flotte près de la fenêtre - un cri de guerre
ultraviolet s'échappe d'un nuage radioactif et efface le bleu du
ciel - Nous nous attirons les pires ennemis - mirages génétiques -
Le film s'emballe, entraînant les rues, les foules baveuses,
stupéfaites, les banlieues, les continents perdus - Les survivants
se cachent dans les égouts, les intellectuels se branlent dans les
cimetières et dans les morgues, en fait, nous sommes à la merci de
ceux qui disent : Comme le temps passe...
Claude P. Washburn
Rainbow Studio,
Silver Island,California
September 1977,
Stokowski and Robert Lowell are dead.
Libellés : Livre de Claude Pélieu, Pélieu
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