vendredi 24 janvier 2020

Claude Pélieu au Silo - VII.5.


VII
J'AI PASSÉ PAR LÀ POUR VENIR ICI
par Claude Pélieu

5
À la nuit tombée, une poussière phosphorescente danse devant nos yeux, balles traçantes de la colère voyageant dans les étoiles - Nous savons pas mal de choses sur l'espace, nous devons le conquérir maintenant - Nous avons absorbé les mots qui nous aident à vivre, nous les avons rejetés, et ils viennent mourir avec les vagues sur le sable de Wild Cat Creek... les enfants illettrés sautent de planète en planète... sur Terre dix milliards de crustacés retardés s'écoutent parler, se surveillent jour et nuit d'un bout à l'autre du monde... Les satellites de communication et les ordinateurs scellent le pouvoir des images télévisées... Dieu, astronaute anonyme, rit dans sa barbe... Rumeurs de guerre civile, propagandes, peste, le tumulte des discours et les vociférations sont couverts par la chanson des télex, des radars, des sonars, des telstars et des caméras-lasers - J'entends les hurlements des manifestants bien ancrés dans la médiocrité, piégés dans leurs scaphandres de peau, intoxiqués par les idéologies du passé - Opération HOLOGRAPHIE - Survivront-ils ? Par quoi remplacerons-nous ?... Les voleurs de temps et la famine menacent les trois-quarts de la planète... C'est simple, tout est produit et empaqueté, hot and cool, soft and hard - c'est comme ça, c'est possible entre ce qui est et ce qui devrait être - le bazar idéologique se dissout dans les chiottes du drugstore du ciel - de nouvelles technologies nous imposent de nouvelles guerres et un nouveau style de vie. Nous sommes prêts - CHANGER OU DISPARAÎTRE, déclencher, provoquer, partir ou vaporiser de la merde de poulet dans les coulisses de l'univers... Je manque de m'évanouir chaque fois que j'entends parler de « révolution sexuelle », branlette dans la poussière d'étoile... un rayon gamma flotte près de la fenêtre - un cri de guerre ultraviolet s'échappe d'un nuage radioactif et efface le bleu du ciel - Nous nous attirons les pires ennemis - mirages génétiques - Le film s'emballe, entraînant les rues, les foules baveuses, stupéfaites, les banlieues, les continents perdus - Les survivants se cachent dans les égouts, les intellectuels se branlent dans les cimetières et dans les morgues, en fait, nous sommes à la merci de ceux qui disent : Comme le temps passe...

Claude P. Washburn
Rainbow Studio, Silver Island,California
September 1977, Stokowski and Robert Lowell are dead.

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posted by Lucien Suel at 07:21