Claude Pélieu au Silo - VII.2.
VII
J'AI
PASSÉ PAR LÀ POUR VENIR ICI
par
Claude Pélieu
2
Tous morts, avec les
dopogrammes et les spermogrammes, coincés entre les télex et les
ordinateurs - vision totale entre les branches du Mythe - vision de
tous les êtres crus, branchés, de toute évidence, d'un bout du
monde à l'autre, représentant toute la science-fiction aux limites
du rêve et de l'action... Choses vagues imitant les positions
tantriques des êtres jetés les uns contre les autres, dans la plus
complète indifférence... ces êtres défigurés par la politique,
atomisés par le militantisme le plus débile, vendus et achetés,
mutilés et torturés, gazés, napalmisés, cons et sales... Et puis
quoi ? Tout ce sang, toutes ces dérives, n'est-ce pas peu de chose ?
Si nous tenons compte de... De quoi ?... L'écume des jours s'excuse,
les ombres frangées de l'histoire, cradingues, dociles,
dialectiques, abouliques, surbranlées... alors on raconte, on se
répète, en gris, en noir, en couleur, la sono trépigne entre les
doigts du passager de pluie, nous sommes dans l'espace - bandes
pré-enregistrées sur le rail hallucinatoire...
1971, je me
souviens... Londres roupillait, Paris était un charnier d'idées,
ici plus rien n'existait, plus rien ne pouvait durer - tous morts -
par centaines ils sont tombés dans le trou du souffleur,
techniquement morts, vous comprenez ?...
Ils ont bonne mine
les sociologues, les analystes, les militants, les journalistes, et
tous ceux qui découvrirent l'Amérique - de quoi parlent-ils terrés
dans leurs bunkers universitaires ou dans leurs crèches sauvages,
leurs gros culs dans la choucroute ? De quelle société ? De quels
nègres ? De quelle contre-culture ? De quels mouvements de
libération ?... exotisme, parano... certains évoquent encore ces
petits équipages subversifs, intensément cultivés, traversant
l'Atlantique, quinze ou vingt ans après, avec Nikons et
mini-cassettes atteignant la côte West avec Hertz et quelques
gauchistes hébétés... « Marx et le p'tit Jésus bouddhique vous
saluent bien », disait Jimmy Cul-de-Poisson... Mon Dieu ! Mystiques
de prisunic et rabbins chétifs !... Plus de mystère, plus de
féerie, rien ni personne - seule survit la bonne grosse connerie
militante, et les mauvaises odeurs de la nouvelle gauche... mousse
verdâtre phosphorescente dans les yeux bigles de l'interlocuteur.
Libellés : Livre de Claude Pélieu, Pélieu
2 Comments:
oui, certes - mais cependant se sentir vivant : le sourire d'un ami ou d'une enfant une chanson un verre de vin suivant un morceau de fromage - des saucisses au chou ? - le plaisir d'un baiser ? - cependant vivants n'est-ce pas... Jt'embrasse mon Lulu
Bien sûr, Piero. Tout n'est pas si sombre.
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