VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 1/19
Les saules têtards montent la garde à la frontière ouest du jardin. La belle saison va leur rendre leur camouflage de verdure argentée. Ils n’ont pas une forme naturelle. C’est l’homme qui les forme, l’homme qui leur donne une tête, une grosse tête pleine de bosses. Dans la terre, ils n'étaient d'abord qu'une simple brindille, une branche flexible, un scion taillé chaque année. Le saule s'obstine à repousser, à cicatriser. Le caractère se forme. La tête enfle pour porter le chandelier de feuilles dans le ciel de juin. Tout est bon chez lui. Le saule, le cochon du jardin. Feuilles compostées. Rameaux, tipis des haricots et des petits pois. Vieux saule devenu terreau, il nourrit les géraniums. Mais le saule adulte se redresse à hauteur d'homme. Le jardinier lui caresse très doucement sa grosse tête. Le saule vit. Le saule résiste. Ses feuilles luisent comme des épinoches parmi les étoiles.
Photo, Josiane Suel / Texte, Lucien Suel
De knotwilgen betrekken de
wacht langs de westgrens van de tuin. Het mooie jaargetijde zal ze weer hun
zilvergroene camouflage geven. Ze hebben geen natuurlijke vorm. De mens vormt
ze, het is de mens die ze een kop geeft, een dikke kop vol bulten. Aanvankelijk
waren ze in de grond niet meer dan een simpele spriet, een fijne twijg, een tak
die jaarlijks wordt bijgeknipt. De wonden helen en de wilg groeit koppig weer
aan. Hij krijgt karakter. Dan draagt de opzwellende kop met trots een
kroonluchter van bladeren in de vroege zomerlucht. Niets is verkeerd aan hem.
De wilg, het varken van de tuin. Bladeren voor op de composthoop. Stokken voor
de bonen en rijshout voor de erwten. Teelaarde geworden oude wilg voedt
geraniums. Maar fier staat manshoog de volwassen wilg. De tuinman aait heel
zachtjes over z’n dikke kop. De wilg leeft. De wilg houdt stand. Zijn blaadjes
lichten op als stekelbaarsjes tussen de sterren.
Texte néerlandais par Johan Everaers
Libellés : Jardin ordinaire, Josiane Suel, Lucien Suel, Photos
5 Comments:
Le saule l'y laisse.
Leur grosses têtes échevelées oscillent sous le vent d'automne, mais ils restent fiers et droits. Au printemps, ils se pareront de nouveau de plumes argentées qui danseront dans la lumière. Merci de cet hommage aux amis ordinaires du jardin, comme je les aime !
Marie-Christine, ce n'est plus un commentaire, c'est un poème ! Merci de votre visite.
Je me souviens avec tendresse des oliviers plus que centenaires dans le jardin de mes grands-parents.
C'était là-bas, dans cet autre pays.
Je sais, même s'il y a presque trente ans que je n'y suis pas retourné, que ces arbres sont toujours là, qu'ils continuent de vivre, qu'ils continuent de lutter contre les vents, que leurs rides continuent de se creuser.Les troncs torturés n'abriteront sans doute plus jamais mes siestes heureuses.
Nos têtards sont un peu mes oliviers de là-bas, je les regarde souvent et même si c'est l'homme qui, à force de tailles, les façonne, ils me rappellent le temps béni des vacances d'été.
Grand merci, cher José, pour cette évocation des oliviers de ton enfance. Au Nord ou au Midi, on peut s'appuyer sur les arbres.
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