mardi 11 janvier 2011

Dare-dare Alfonsina

Les habitué(e)s de Silo connaissent Alfonsina Vandenbeulque et sa technique poétique consistant à démarquer des poèmes d'Arthur Rimbaud.
Nous avons présenté ici :
L'Éternit d'après
L'Éternité
Mes troènes d'après
Ma bohème
Oraison au marteau d'après Ô saisons, ô châteaux
Qu'on sonne d'après Voyelles
Nous clôturons cette série d'Alfonsina Vandenbeulque avec Dare-dare d'après l'énigmatique Barbare.

Heureux sommes-nous de publier ce cinquième poème en cette journée du 11-1-11, date digitale, quinte, symétrique et palindromique !

DARE-DARE


Bien après les cours et les maisons, et les jardins et les boucheries,
Le bouvillon en cendres fumantes sur le parvis de briques et les branches d'aubépine ; (elles ne piquent pas.)
Vieilles cuisines des hospices croulantes - elles nous attaquent encore l'estomac et les boyaux - loin des abattoirs fanfarons -
- Oh ! le bouvillon en cendres fumantes sur le parvis de briques et les branches d'aubépine ; (elles ne piquent pas.)
Soudeurs !
Les brasures, crissant aux brûlures des chalumeaux, - Soudeurs ! - L'or amalgamé au cuivre dans ce faux veau de métal lourd dressé par la lie terrestre éternellement fondu pour nous. - O suif ! -
(Loin des maisons de retraite et des vieilles bouchères inactives, qu'on respire, qu'on sent,)
Les brasures et les soudures. La graisse décapante, odeur de soufre et choc du marteau sur le bronze.
O Soudeurs, ô suif, ô gras ! Et là, les os, les sabots, les poils et les dents du veau, vomissant. Et le saindoux blanc, bouillant, - ô soudeurs ! - et la voix suave des bouchères susurrée au fond des faitouts et des cocottes en fonte.
Le bouvillon...
Alfonsina Vandenbeulque

Libellés : , ,

posted by Lucien Suel at 15:55