Consommation aveugle
« Sans doute faudrait-il fermer les yeux ? »
Tu mesures l'amertume contenue dans cette phrase alors que tu gis là, immobile, dans cette chambre d'hôpital et que, justement, tu as les yeux fermés, sans doute pour toujours...
Tu étais pourtant averti des dangers liés à l'alimentation industrielle. Mais voilà, tu faisais le fanfaron. Tu déversais dans ton œsophage des sodas gonflés au sucre industriel et au gaz carbonique, tu te goinfrais de langue de porc en gelée, arrosais ta gorge de giclées brunes de cocacola, suçais des os de poulets nourris à la dioxine et à l'huile de vidange. Tu contraignais ta carcasse.
Dans un monde industriel, nourrissons-nous industriellement ! Tu te sentais cyber-gastronome. Ta femme n'était pas d'accord avec toi. Elle militait pour une nourriture saine. Elle était même végétarienne. Tu te moquais d'elle. Juste avant ton « accident », tu lui avais dit, alors qu'elle partait faire les courses : « Achète-moi une tranche de vache folle ! »
Le fou, c'était toi ! Toute cette bouffe dégueulasse t'avait détraqué complètement. Tu avais été terrassé par un mal inconnu qui t’avait à moitié paralysé, rendu aveugle par l'accumulation de substances malsaines dans ton organisme. Tu aurais dû prêter plus d'attention à la nature, à l'harmonie du cosmos. Aujourd’hui, tu crois entendre les bulles qui remontent dans le goutte à goutte de ta perfusion. Immobile sur ton lit de souffrance, à travers tes paupières, à travers la blancheur des rideaux tirés, tu sens le soleil vibrer.
Tu mesures l'amertume contenue dans cette phrase alors que tu gis là, immobile, dans cette chambre d'hôpital et que, justement, tu as les yeux fermés, sans doute pour toujours...
Tu étais pourtant averti des dangers liés à l'alimentation industrielle. Mais voilà, tu faisais le fanfaron. Tu déversais dans ton œsophage des sodas gonflés au sucre industriel et au gaz carbonique, tu te goinfrais de langue de porc en gelée, arrosais ta gorge de giclées brunes de cocacola, suçais des os de poulets nourris à la dioxine et à l'huile de vidange. Tu contraignais ta carcasse.
Dans un monde industriel, nourrissons-nous industriellement ! Tu te sentais cyber-gastronome. Ta femme n'était pas d'accord avec toi. Elle militait pour une nourriture saine. Elle était même végétarienne. Tu te moquais d'elle. Juste avant ton « accident », tu lui avais dit, alors qu'elle partait faire les courses : « Achète-moi une tranche de vache folle ! »
Le fou, c'était toi ! Toute cette bouffe dégueulasse t'avait détraqué complètement. Tu avais été terrassé par un mal inconnu qui t’avait à moitié paralysé, rendu aveugle par l'accumulation de substances malsaines dans ton organisme. Tu aurais dû prêter plus d'attention à la nature, à l'harmonie du cosmos. Aujourd’hui, tu crois entendre les bulles qui remontent dans le goutte à goutte de ta perfusion. Immobile sur ton lit de souffrance, à travers tes paupières, à travers la blancheur des rideaux tirés, tu sens le soleil vibrer.
Libellés : Lucien Suel, Nouvelle
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