"Hairway to Steven" par Mimosa (3/5)
Hairway to Steven
(le mystère de l’ange)
(le mystère de l’ange)
l’immeuble brouille les pistes
il coupe l’empreinte des racines
l’immeuble est une case fermée
par des plans de symétrie
l’immeuble est construit de manière
à interdire l’intrusion ascensionnelle
mais l’immeuble ne grandit jamais seul
le foisonnement des murs aménage des passerelles
qui multiplient les constructions interférentielles
ainsi devine-t-on les voisins du dessous
par leur spectre projeté sur la façade d’en face
tout commence par un indice troublant
de la fine filasse dans le siphon de la douche
de la paille délavée par des litres de shampooing
diaphane au point d’interdire toute identification formelle
à partir d’un nuancier de coiffeuse
il faut alors provoquer l’imaginaire
en apostrophant l’oracle par les trous de l’hygiaphone
une bonne et vieille pomme de douche fait l’affaire
il est utile de conserver une perruque
dans un compartiment de sa caisse à outils
pour garantir l’étanchéité des tuyauteries
au mépris de toute justification théorique
ce procédé est d’une efficacité renversante
sa découverte s’appuie sur une observation
maintes fois reproduite dans notre quotidien
l’eau ne s’écoule pas quand l’évacuation
est obstruée par les cheveux d’un ange
l’étanchéité à la jointure des tuyaux d’eau
peut donc être assurée par une perruque
l’ange était vêtu d’une serviette éponge
en procédant comme l’ouverture d’une fenêtre
dans la façade de l’immeuble d’en face
son œil se concentrait à projeter les spectres
son mystère ne se percerait que par le renfort
des techniques d’approche médiumniques
le kiné–pilon trône dans la stratégie d’un angle mort
faute d’indice l’imaginaire est privé de fondement
la pratique médiumnique n’est d’aucun secours
le gaillard ne peut être appréhendé qu’a posteriori
il faut laisser la sauvagerie boucher le siphon
en se lamentant sur son propre désarroi
puis se livrer à l’extraction au moyen d’une ventouse
la ventouse est le haut-parleur de l’oracle
lorsqu’il raille notre indécrottable maladresse
la véritable naissance du téléphone
remontera au jour où l’on parviendra
à assembler une ventouse et une pomme de douche
telle le cœur des trompettes de Jéricho
la véritable sonnerie du téléphone annoncera
l’engloutissement irrémédiable du kiné-pilon
mais simultanément se noiera le mystère de l’ange
dans toute sa cruauté prend corps la vitale question
du moratoire des activités téléphoniques
Libellés : Mimosa
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