Visions d'un jardin ordinaire (le compost / ch'fien)
Quotidiennement, longuement, souvent, le jardinier a pissé sur le compost. Pipi catalyseur des transformations, herbes pourries, bractées d’artichauts, cosses de petits pois, coquilles d’œufs, marc de café, épluchures de pommes de terre, demi-pamplemousses évidés, écorces des avocats, crottes de chien, coquilles de moules, feuilles de betteraves, salades montées en graines.
L’hiver se termine. Le jardinier répand son fumier fumant sur le terrain nu, sur la terre froide. Les grosses bottes de caoutchouc vert écrasent l’amalgame poisseux. Il bêche, il enterre les vieilles échalotes, les tontes de gazon, les oignons confourés, les géraniums gelés, les tiges séchées des haricots, les feuilles tombées, les verts de carottes, les noyaux d’olives, les fleurs fanées, les pommes de terre fripées, sa salive, sa sueur. Il nourrit la terre. Il détermine la résurrection. Il lutte contre l’entropie. Il enfouit.
Toudi, lontin, souvin, chgardinié ia piché suchfien. Pich catalyseur dché trinsformations, pich suchlerp muzi, suchéfeull d'articho, suchécossdariko, pich suss zékal deu, suchmar edkafé, suszéplukur edpétott, ché mitan dpamplemouss, ché zoch eudglenn, ché pleum ed kodin, chbrin tchien, ché kokill eud moul, ché feull ed bétrapp, ché salatt monté.
Asteur, liver i é fini. Ch'gardinier, i rétramm sin fien qui funk su sin gardin, su chell terr froitt. Ak sé grossé bott in kaoutchou, i pidak din ch'fien. I fwi, ienterr, ientik. Ienterr ché vielzéchalott, chgazoncrévé, chézognonconfouré, ché jéraniomm gélé, ché brank réchué dpotchuk, ché feul dalo, ché ver edkarott, ché kokill edgok, ché fleurs fané, ché pétott pouritt. Ienterr ossi ess saliff, ess sueur. I donn aminjé al terr. I cominch el rezurecsion. Is ba contt chlintropi. I fwi, i fwi.
Extrait de “Visions d’un jardin ordinaire”, photos Josiane Suel, éditions Le Marais du Livre, Hazebrouck, 2000.
Texte original de Lucien Suel, adaptation picarde (inédite) par l’auteur.
L’hiver se termine. Le jardinier répand son fumier fumant sur le terrain nu, sur la terre froide. Les grosses bottes de caoutchouc vert écrasent l’amalgame poisseux. Il bêche, il enterre les vieilles échalotes, les tontes de gazon, les oignons confourés, les géraniums gelés, les tiges séchées des haricots, les feuilles tombées, les verts de carottes, les noyaux d’olives, les fleurs fanées, les pommes de terre fripées, sa salive, sa sueur. Il nourrit la terre. Il détermine la résurrection. Il lutte contre l’entropie. Il enfouit.
Toudi, lontin, souvin, chgardinié ia piché suchfien. Pich catalyseur dché trinsformations, pich suchlerp muzi, suchéfeull d'articho, suchécossdariko, pich suss zékal deu, suchmar edkafé, suszéplukur edpétott, ché mitan dpamplemouss, ché zoch eudglenn, ché pleum ed kodin, chbrin tchien, ché kokill eud moul, ché feull ed bétrapp, ché salatt monté.
Asteur, liver i é fini. Ch'gardinier, i rétramm sin fien qui funk su sin gardin, su chell terr froitt. Ak sé grossé bott in kaoutchou, i pidak din ch'fien. I fwi, ienterr, ientik. Ienterr ché vielzéchalott, chgazoncrévé, chézognonconfouré, ché jéraniomm gélé, ché brank réchué dpotchuk, ché feul dalo, ché ver edkarott, ché kokill edgok, ché fleurs fané, ché pétott pouritt. Ienterr ossi ess saliff, ess sueur. I donn aminjé al terr. I cominch el rezurecsion. Is ba contt chlintropi. I fwi, i fwi.
Extrait de “Visions d’un jardin ordinaire”, photos Josiane Suel, éditions Le Marais du Livre, Hazebrouck, 2000.
Texte original de Lucien Suel, adaptation picarde (inédite) par l’auteur.
Libellés : Lucien Suel, Picard
1 Comments:
Ah un extrait du best seller...On ne peut qu'admirer!
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