Visions d'un jardin ordinaire
Elles sèchent, bottes d’oignons, deux à deux suspendues aux branches, bouquets d’oignons, paires de bottes accrochées dans un prunier.
Les chevelures vertes et jaunes, les têtes se touchent.
Peaux dorées, elles sèchent dans l’ombre, les courants d’air parfumé du jardin.
Sous le prunier, l’ombre danse. Les feuilles quadrillent l’herbe.
Les oignons dodus ont le cou serré par un noeud coulant de sisal ébouriffé. Les tiges saignent vert.
Les têtes se frottent, se cognent, se collent. Des grosses gouttes, larmes végétales secrètes.
Tout autour, jardin éventré, scarifié. Le chirurgien jivaro travaille silencieusement.
Les oignons retiennent leur souffle.
Leur jeunesse est dans leur coeur, sous les écailles, sous les peaux.
Oignons graviers noirs, oignons, les graines de beauté.
Oignons, ils acquiescent, ils retiennent toutes leurs larmes.
Taciturnes, ils attendent dans le prunier, un pilori allégorique.
L. Suel
Ce poème et cette image auraient pu être publiés dans l'ouvrage "Visions d'un jardin ordinaire" de L. & J. Suel.
Libellés : Lucien Suel
1 Comments:
il est beau ton blog mon loulou, je mets des textes en ligne à http://christophepetchanatz.free.fr, tu me diras ske t'en penses... ???
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