mardi 28 avril 2015

DÉTOURNEMENT(S)



Une brève définition du détournement :
Le détournement, c'est l'utilisation d'un objet manufacturé par un tiers, dans un sens et/ou un contexte différent de celui pour lequel il avait été conçu à l'origine.
Tout objet peut être détourné, depuis le simple tournevis jusqu'à l'avion de ligne, en passant par la bande-son d'un feuilleton télévisé, un discours de Joseph Staline ou la photographie de Johnny Halliday.

Pourquoi le pratiquez-vous ?
Essentiellement pour deux raisons :
1. parce que le résultat produit par est très souvent efficace, drôle et générateur d'autres idées de détournements.
2. parce que c'est un moyen d'exercer ma liberté face à la pléthore d'objets que l'industrie (qu'elle soit lourde, culturelle ou artistique) lance tous les jours sur le marché.

Comment le pratiquez-vous ?
1. Pour ce qui est du pur travail manuel, le détournement d'objet a lieu par nécessité, sous le coup d'une illumination, dans le souci de faire gagner du temps, et éventuellement de recycler des objets. Par exemple, construisant de mes mains ma maison depuis 3 ans (c'est presque terminé), j'ai été amené à utiliser des vieilles paumelles pour en faire des pattes de scellement, à me servir d'un pied de biche pour gratter un mur (!), etc...
2. Pour ce qui est du travail littéraire (ou artistique), le détournement est aussi à la base un travail manuel, j'utilise principalement les ciseaux et la colle. Pour le détournement littéraire, l'apparition de l'ordinateur permet de travailler plus rapidement et sans se salir les mains (à partir d'un réservoir inépuisable comme internet !). Je continue néanmoins à travailler la vraie matière, notamment pour mes poèmes express confectionnés à partir de pages arrachées à des romans de gare.

Quelle place occupe-t-il dans votre travail ?
Le détournement représente dans mon travail la part de récréation par la recréation.

Quelle est la place du détournement dans la création littéraire et artistique aujourd'hui ?
Les œuvres (objets) créés (produits) aujourd'hui le sont en si grand nombre et avec une si grande vitesse que j'ai l'impression qu'elles sont faites directement pour la corbeille. Il ne reste plus qu'à les récupérer, à leur donner une touche personnelle en les détournant. C'est ce qu'on appelle la valorisation des déchets.

Lucien Suel,
 La Tiremande,
13 septembre 2002

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posted by Lucien Suel at 07:41

2 Comments:

Anonymous Dominique Hasselmann said...

Le détour ne ment que lorsqu'il est pratiqué par quelqu'un manquant de sens (giratoire) artistique.

09:11  
Blogger Lucien Suel said...

Un siphon, phon, phon...

18:28  

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