jeudi 13 avril 2017

Archives de la Villa Yourcenar

En septembre 2006, j’étais en résidence à la Villa Yourcenar en compagnie de Fabienne Kanor et d'Alexandre Ikonnikov. Nous avons composé ensemble le poème suivant :

YOUR SCENARIO

Mont Cassel, Mont des Recollets, Mont des Cats, Mont Noir.
Autour des monts, à l’horizon, terre et ciel fusionnent.
La poésie, témoignant d’une enfance particulière, vit ici dans chaque brique.
Sur le bord de la fenêtre, trois pommes regardent Hadrien.
Dedans, bourdonnement de l’aérateur ; dehors, bavardage matinal des oiseaux.
Une simple tasse de café élimine l’objectivité du matin.
Le gros gras chat noir ronronne sur la carte de France.
Paradoxalement, Zénon hoche la tête et dit : « Oui, oui, oui. »
L’histoire a sa logique.
Septembre sous les pommiers, fruits tombés, différents stades de décomposition.
Alexis cueille des marguerites, ourse noire dans le ciel.
Le trio d’écriture triture le tas de mots triés.
C’est la foire aux livres. Écrivains vivants. Entrée gratuite.
Tout autour de la table, les langues s’agitent, joyeusement différentes.
Parler de tout et de rien en français rend la vie facile et charmante :
« Encore une toile, cette araignée se paie notre tête. »
« C’est un chat, tout ce qu’il y a de plus bête. »
« Hier nuit, j’ai rêvé. La barbe ! J’étais russe ! »
« Le ciel est trop grand pour mes lunettes. »
« Comment s’aimer dans les buissons
Si les épines entravent la passion ! »
« Oui, Madame, entre deux baisers, tout ce qui concerne la politique et les affaires. »
« Autre rose : c’est le féminisme qui nous a perdues. »
« Mon père est mort cet été ; je philosophe. »
« Il existe des endroits dans lesquels vous ne voudriez pas vivre une seule minute. »
« Un petit âne satisfait et une balle en mousse : nous sommes assis dans la machine à remonter le temps. »
« Comme elle est courte sur pattes, elle ferait mieux de sourire ! »
« Ma plume sur la page,
A fait un beau voyage. »
« Après les Thermopyles, Léonidas voulait se rendre au Mont-Noir. »
Quand il parle tout seul, les murs, les tables et les chaises sont de fidèles auditeurs.
« Laissez donc sortir le vampire ! »
« De la chétive brebis au puissant mustang, Madame Saxo, merci ! »

Alexandre Ikonnikov – Fabienne Kanor – Lucien Suel

 Saint-Jans Cappel, septembre 2006

Libellés : , , , ,

posted by Lucien Suel at 07:00