jeudi 18 juin 2015

Niveau Huit par Mimosa (10)



la poudre de parfum rose léger
en flacon d’ébène la boîte aux
caractères pyrogravés la mince
feuille cristal s’écarte comme
un aéroplane avec des ailes de
papillon jaunies dans un livre
le couvercle en bois pyrogravé
est une trappe sur le monde un
bientôt demain qui scintille à
la surface des bibelots en toc
les flacons d’ébène sont l’œil
d’où s’envolent les gitanes et
la dentelle sombre qui dessine
des ombres sur leur peau comme
le soleil qui danse au cœur de
la forêt des puits cerclés par
le khôl la peinturlure qui dit
le chemin au travers du miroir

la gitane est jeune belle dans
ses bas de coton et sa robe de
laine noire les cheveux Brooks
la gitane sait dire les choses
sans trop parler ni trahir ils
boivent un Martini ses yeux ne
trahissent pas ils parlent peu
ils disent sur maintenant puis
promettent la lune sur tout de
suite rien pour après rien sur
les volutes derrière l’horizon

Lagitane n’a plus d’âge de son
œil torve elle voit la rue son
espace et ses années la gloire
de l’automobile française pour
gens comme il faut les Citroën
DS puis les Citroën CX sur son
perron dans sa combinaison qui
coule le jus de vaisselle dans
sa combinaison qui conserve la
marque de tous les potins plus
que le plomb de l’encre elle a
toute la ville à ses pieds nus
couverts de crasse le syndicat
des commerçants le notariat et
le conseil communal et tertous

l’histoire s’achève en terrain
vague sans chrysanthème perles
de rosée sur les herbes folles
ensommeillées au ptit matin au
ptit gris la ville se réveille
amputée d’un monde et continue

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posted by Lucien Suel at 07:36