Texte oulipomorphe
Invité par Robert Rapilly, j'ai participé au projet oulipien autour d'un extrait du livre d'Harry Matthews, Sainte-Catherine.
Ci-dessous : le texte original suivi de sa transformation selon une méthode à la fois homosyntaxique et, mot à mot, arithmogrammatique.
C’est un soir de vent, de tonnerre et de pluie. Elle est
plongée dans la lecture des Hauts de Hurlevent en bande dessinée. Un
brusque coup de tonnerre et la pluie persistante se change en pluie d’orage,
avec des éclairs nets ou diffus, et un tonnerre qui dirait-on fouette les
frondaisons dans les gris du soir. Par le cadre de sa fenêtre s’infiltrent des
minces fils de pluie poussée par les coups de bélier que le vent assène contre
l’abondance soudaine d’une pluie que ne veut ni homme ni herbe, pas plus que le
tonnerre qui vous fait sauter comme un enfant, ou ce vent qui arrive presque à
étouffer le gong du soir.
Sainte Catherine, Harry Mathews, P.O.L.,
2000
C'est le sort du tutu, la désunion de la boule. Coup dur
atténué sous un falbala par ordre du fanatique au tabac dilapidé. Au silence
vert du cadastre si le poème putrescible du chaman se moire d'écume, sous six
animaux gras de paille, là le naufrage des encolures tuteure ses cataclysmes
avec des fils de soie. Sur un duvet où la vachère s'encanaille aux cocons par
un salut immanent aux dix roues du soleil qui se love ajusté malgré l'inutilité
anémique d'air frais qui se joue du temps de chien, les deux tas de glaïeuls
ont gelé sans oxyder toute la beauté, ni la faux des tueurs ionisés y menaçant
le doré du veau.
Salade Typomètre, Lucie
Nsuelle, K.O.T., 2011
Il existe à ce jour 238 versions différentes du texte d'Harry Matthews. On peut les consulter sur le site de Zazie mode d'emploi.
Libellés : Lucien Suel, oulipo, Vers arithmogrammatiques, Vers arithmonymes
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