mardi 17 février 2015

VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 19/19



Les petites groseilles rouges nichent sous les feuilles. La main les soulève. La pince pouce index sectionne. Petite grappe qui tombe dans la paume, glisse dans le seau en plastique. Ça grouille dedans, promis à la bassine bouillante, au pot de confiture, à la tartine rose. Dans la chaleur embrumée de juin, nous tournons, accroupis. L’arbuste encerclé perd de la couleur. Le rouge est gommé. Le vert et le noir gagnent. Les fruits ne sont pas là pour rester. Les jeunes filles qui cueillaient les groseilles, sont parties ailleurs. Elles étaleront bientôt avec le dos de la cuillère, la douce gelée translucide, sur le goûter, le pain beurré de leurs enfants. Alors, au centre du second cercle agrandi, le groseillier dépouillé continuera sans bruit sa vie. Un peu plus loin, dans la haie vive, merles, étourneaux et grives musiciennes iront grappiller dans les sorbiers orangés, tout un nouveau menu.

Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel 
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
De kleine rode aalbessen hangen verscholen onder de bladeren. De hand licht ze op. Tussen duim en wijsvinger worden trosjes afgeknepen, vallen in de handpalm, glijden in de plastic emmer. De bomvolle emmer wacht op de  kokende ketel, op de jampot, op de roze boterham. In de nevelige warmte van juni draaien we gehurkt om de struik. De ingesloten struik verliest kleur. Rood wordt uitgegumd. Groen en zwart winnen terrein. Het fruit is er niet om te blijven hangen. De meisjes die de bessen plukten zijn vertrokken naar elders. Over niet al te lange tijd zullen ze met de rug van een lepel de doorschijnende zoete jam uitsmeren over het vieruurtje, de boterham van hun kinderen. Dan, tussen de tweede opgroeiende kring zal de leeggeplukte bessenstruik zonder morren met zijn leven verder gaan. Een stukje verderop, is het in de haag een drukte van spreeuwen, zanglijsters en merels. In de oranje lijsterbes komen ze een geheel nieuw menu wegpikken.

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posted by Lucien Suel at 07:03

4 Comments:

Anonymous Dominique Hasselmann said...

Ce jardin se termine (trop vite) en beauté.

On espère que le jardinier va bêcher ailleurs !

07:38  
Blogger Lucien Suel said...

Merci Dominique. Ces poèmes et photos ont créés dans les années 90...
Maintenant le jardinier rédige son #journaljardin sous la forme de tweets de 140 signes !

18:48  
Blogger Defrancoisjose said...

Je n'aime pas les au-revoir, tourner la dernière page d'un livre, la dernière seconde avant de plonger dans le sommeil, je n'aime pas l'idée qu'il puisse y avoir une fin à toute chose.
La série est finie ? Vraiment ? Pas grave, je connais le chemin pour y retourner.
Ces quelques semaines passées au jardin on été un enchantement. Merci Lucien.

21:24  
Blogger Defrancoisjose said...

"on été un enchantement"...
Réservez moi une poignée d'orties que je me fouette. Sot que je suis de ne pas m'avoir relu.

08:13  

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