VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 18/19
Quotidiennement, longuement, souvent, le jardinier
a pissé sur le compost. Pipi catalyseur des transformations, herbes pourries,
bractées d’artichauts, cosses de petits pois, coquilles d’œufs, marc de café,
épluchures de pommes de terre, demi-pamplemousses évidés, écorces des avocats,
crottes de chien, coquilles de moules, feuilles de betteraves, salades montées
en graines. L’hiver se termine. Le jardinier répand son fumier fumant sur le
terrain nu, sur la terre froide. Les grosses bottes de caoutchouc vert écrasent
l’amalgame poisseux. Il bêche, il enterre les vieilles échalotes, les tontes de
gazon, les oignons confourés, les géraniums gelés, les tiges séchées des
haricots, les feuilles tombées, les verts de carottes, les noyaux d’olives, les
fleurs fanées, les pommes de terre fripées, sa salive, sa sueur. Il nourrit la
terre. Il détermine la résurrection. Il lutte contre l’entropie. Il enfouit.
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
Dagelijks, lang en dikwijls, heeft de tuinman op de composthoop gepist. Pis
als de katalysator van de omzettingen, verrotte kruiden, schutbladen van
de artisjok, erwtenpeultjes,
eierschalen, koffiedik, aardappelschillen, lege grapefruit- en avocadoschillen,
hondendrollen, bietenblad, in het zaad geschoten sla. De winter loopt ten
einde. De tuinman verspreidt z’n dampende mest over het kale veld, over de
koude grond. De grote rubberlaarzen
pletten de plakkende mengelmoes. Hij spit de grond om en begraaft de oude
sjalotjes, het gemaaide gazongras, de uitgelopen uien, de bevroren geraniums,
de gedroogde boonstronken, het valblad, het peenlof, de olijfpitten, de
verwelkte bloemen, de verrimpelde aardappelen, zijn speeksel, z’n zweet. Hij
voedt de aarde. Hij bepaalt de wederopstanding. Hij vecht tegen de entropie.
Hij spit onder.
Libellés : Jardin ordinaire, Johan Everaers, Josiane Suel, Lucien Suel, Photos
2 Comments:
Où l'on foule au pied
généreusement prêté par l'auteur
ce qui compose
la terre qui nous nourrit.
Les paradoxes du jardinier ! Merci, Luc.
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