VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 13/19
La brouette stationne dans l’allée. La brouette de
maçon. L’ancien ciment sur la tôle, la rouille, les bosses. Vacarme des
marteaux. La brouette battue lâche le mortier, le béton collant. L’angélus du
maçon résonne dans la mémoire. Dans le jardin, la brouette attend. Elle est
remplie, elle déborde. Mauvaises herbes, végétation morte, arrachée, touffes
des mercuriales, des séneçons, blocs boueux des racines, filets de rhizomes,
lacets de chiendent, pelotes de liserons, tous les fétus jaunis, les cosses noirâtres,
les feuilles pourrissantes. Un dernier voyage, dans l’allée, la brouette noire,
bras écartés, attend. L’arbraquette* est appuyée contre la pyramide tremblante.
Manche de bois blanchi, poli, troué par les vers. Ramure torse, épluchée,
coupée jadis sur un saule têtard. Métal forgé par un ajusteur. Le bord s’est
arrondi, usé par la silice, les petits crocs de la terre. La terre mange. La
terre boit.
*L'arbraquette, mot picard : la binette
*L'arbraquette, mot picard : la binette
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
De kruiwagen staat op het
pad geparkeerd. De metselaarskruiwagen. Het oude cement op het ijzer, het roest, de butsen. Lawaai van hamers. Onder de
klappen laat de kruiwagen de mortel vallen, het plakkende beton. Het angelus
van de metselaar klinkt weer bekend. In de tuin wacht de kruiwagen. Hij is vol,
boordevol. Onkruid, uitgetrokken dood
blad, plukjes bingelkruid, kruiskruid,
kluiten met wortels, hele wortelpakketten, kluwen windes, kweekgraswortels, al het gele stro, de bijna
zwarte peultjes, de rottende bladeren. Een laatste ritje, met de poten uit
elkaar, wacht de zwarte kruiwagen op het pad.
De lange schrepel leunt tegen de wankele hoop. Witte houten steel, glad, met houtworm. Lichtjes
kromme tak, zonder bast, ooit van een knotwilg gekapt. Ijzer gesmeed door een
bankwerker. De kant is afgerond, gesleten door
de kiezelhoudende grond die eraan knaagt. De aarde eet. De aarde drinkt. Libellés : Jardin ordinaire, Johan Everaers, Josiane Suel, Lucien Suel, Photos
2 Comments:
Un texte superbe, les mots, le rythme, harmonie chaotique du jardin toujours à refaire. J'aime beaucoup.
Zéo
Merci Zéo.
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