Colonnes dénudées (13)
CAMÉRALE DÉBÂCLE
Jadis,
pouvant, je sus. 
Ainsi,
sachant, je pus. 
Alors,
lâchant, je fus. 
Douloureusement
rampant 
vers
la porte, j'avance 
sur
le carrelage froid, 
les
linges à mes genoux 
épongeant
les traînées.
Je
hisse contre le bois 
la
masse turbide de mon 
corps
aqueux déhiscent.
Membres
écartés, appuis 
précaires,
-les mollets 
parfois
spasmodiquement 
vibrent-
j'ouvre grande 
la
bouche contre le mur 
fibreux
et l'anneau des 
lèvres,
hermétiquement- 
ce
caoutchouc de bocal- 
emprisonne
le hurlement 
qui,
montant du ventre, 
gonfle
les joues, tasse 
la
langue et se déchire 
dans
ma gorge meurtrie.
Pendant
que les festons 
de
salive glissent doux 
sur
le placage, je sors 
avec
lenteur ma langue, 
goûtant
l'amertume dans 
les
orifices creusés là 
par
les vers. La sciure 
s'amalgame
en boulettes 
dans
les interstices de 
ma
dentition lacunaire.
Mes
mains tâtonnent. La 
peau
des paumes se fend 
aux
échardes. Je frappe 
du
pied et du poing sur 
un
rythme binaire, mais 
le
tonus musculaire des 
jambes
s'amoindrit. Mes 
ongles
griffent le bois 
mouillé.
Agenouillé sur 
la
céramique visqueuse, 
je
plaque mon oreille à 
la
verticale du panneau 
végétal.
Seul, le pouls 
capricant
du temporal y 
résonne
laborieusement.
Dans
le trou noir de la 
serrure,
mon regard use 
l'énergie
dernière sans 
parvenir
à percer l'air 
opaque
qui se referme à 
l'extrémité
du tronc de 
cône
où mon oeil saisit 
uniquement
les lumières 
internes
et fluctuantes 
issues
de ma propre âme 
déliquescente.
Je cerne 
le
vide étoilé. Aspirée 
vers
le bas, mon humeur 
abonde
en nausées âcres 
et
fumantes. Glissando.
Mon
habitacle se réduit 
aux
dimensions du drap. 
Impossible
da capo. Mes 
narines
captent l'odeur 
abominable
de l'espèce.
Chute.
Zéro égale zéro. 
Dedans
ou dehors, idem.
Libellés : Archives, Colonnes dénudées, Lucien Suel, Poésie, Vers arithmogrammatiques, Vers justifiés

 
    
  
  


 
    
    
   
   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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