mercredi 28 septembre 2011

Le destin nu 4/4

LE DESTIN NU (roman express)
III
Elle sombra dans un sommeil sans rêves, occupé par le visage de celui qu’elle aimait. L’épisode des animaux en palme. Un papillon. Un sourire forcé. Le moment du départ approchait. Remuer de vieux souvenirs. Un long moment à faire des signes à ses amis. Tout le monde criait à la fois, les larmes aux yeux. Le Colonel était d’excellente humeur. Stephen n’était pas à la table avec eux. Carole regretta de ne pouvoir les rencontrer. Il n’aurait pas manqué de l’inviter.
Carole revint sur terre soudainement. Mme Mathers était tout excitée. Elle aperçut M. Bentley, fit un grand signe. A votre âge, il faut s’amuser. Nous vous payons même pour ça. Nous avons des droits. Vous en faites ce que vous voulez. Vous n’allez pas jouer. Mes ordres sont très stricts. Dansez, buvez, c’est un ordre ! Sa main était fraîchement bandée. Je vois que vous êtes allé voir le docteur. Il m’a recousu. Ça ne faisait pas si mal. Salut militaire de fantaisie. J’adore les femmes énergiques ! Ne me dites pas que vous êtes aussi prophète.
Une brusque flambée d’espoir étouffa aussitôt. Il n’avait plus voulu d’elle. Tout le monde se leva pour aller prendre le café. Sous ce regard froid, elle sentit son absence. En dépit de sa froideur, elle l’adorait encore. Je ne suis pas triste. Ce n’était pas grand chose de faire un malheur. Y a-t-il quelqu’un d’autre ? Non. Vous ne semblez pas très sûre de ce non. Mais ce quelqu’un, vous ne l’aimez pas ? Non, je ne l’aime pas. C’était, et ça reste une question. Un rire silencieux, sarcastique. Vous ne pouvez pas penser à quelque histoire. C’est probablement ce que vous me diriez. Je me demande qui sera le suivant ? Pourquoi n’envoie-t-on pas un hélicoptère au Starlight Room ? Il a les deux jambes brisées. Y a-t-il un risque de paralysie ?
Plage cernée par les rochers. Un serpentin de papier bleu, sur un quai. Le ruban bleu, le dernier, cette légende là, au moins. Elle suivit le collier des yeux. Elle faillit crier de joie.
1996

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posted by Lucien Suel at 07:27