mardi 22 mars 2011

SOMBRE DUCASSE 11

CHAPITRE VI

JE NE VIEILLIRAI PAS ENSEMBLE.

Tout doit disparaître. Après-midi de soleil dur, mon regard se fige/fixe dans l'huile de ce bocal pendillant au bout de mes doigts, la main devenue un objet sale au long de ma moelle épinière.
Astre urine, tout si monotone, cette grosse bosse sous l'oreille : un incident stupide, le superflu de ta substance ; "Ah ! Ah ! Ah !" Et moi, scrutant sa main-tranchet prolongée d'acier gris-perle, et l'eau frémissante dans la lessiveuse.
Éveillé... finie la létharpeur ! Ma chaîne de montre libre, le temps perdu, décousu, malvenu. Kronos noyé sous les lances d'arrosage. Où vis-tu ? Galataa? Les mouches, les mouches de Galata, affectueuses, les mouches...
Foules épaisses et glauques dans l'obscurité et les chaleurs. Reins... Glands... Sudoripares... Les premiers hommes découpant une toile jalonnée, salut à vous ! Kronos n'est qu'un leurre pour la simplicité et respecté pour son étonnante inutilité !
Au zinc du comptoir parfumé, les diamants tachés par les camisoles... Des sons de cloches folles (dingues) m'envahissent les rêves drus, crisse l'air rossea! Belle ! Ils répugnent toujours sous les sylphes. Se dirigent-ils vers cette autre impure dévastée de sel et rongée par les busards comme un glaire-glaive détaché & cloué, collé sur les portes des autoroutes torturées par la nuit...
Les rapaces ailleurs m'ont poursuivi dans la rue japonaise brûlante. Rien ne m'est plus agréable que... assise sur son siège de porcelaine, le bord de la cuvette les presse tendrement et éclate partout le vide entassé.
Le temps faiblement exploré sur les bandes magnétiques de Dieu. Juste un reniflement maladif, et toujours dans les os, ce ver avec tous les mots suintants de jus mou et un peu gris... Os foutus dansent...
Soupirs dans un cimetière orangé et dans ses draps, crachat humide sanglant dans le sac d'Athinai. Lèvres doigtent d'ouate lisses avec un œil fixe & noir. Un coq s'enfonce doucement dans la toison du brouillard.
Pleine nuit, pleine mer, image enfantine de crâne rasé, couché sur le pont du Karadeniz, avec un sacré fond de bruits délirants. (tremblements infectés dans la gorge) Le vieux puits comme une auberge. Oh, flocons écrasés de sexe bleu, dans un drap de roseaux noirs. Les crécelles obstinées, savantes. L'âme du navire éclairant ma fumée.
Regarde les oiseaux du jour et de la nuit, perchés sur la corne de ce taureau sombre et vivant. Je découvre les jambes d'un éternel bleu-träkl tendre que je mordille & suce & croque & lave les oiseaux durablement comme le goût de l'herbe dans les lèvres prolongées des minutes.
Rayons X à travers la paille de mes souliers. Qu'ils me soufflent dans les onglesa! Tout le monde en piste ! Clappe les mains ! Mouve your ass ! L'œil ! L'œil ! L'œil ! Place à la joie ! La soirée ne fait que commencer...
Attention, tu exagères comme un gamin. Je suis né le 17 décembre 1948. Chemin faisant, chemin faisant, une croix, une machine à écrire, un gadget qui a des hauts et des bas. Remonte ta culotte maintenant.
Des mots vous martyrisent sur les routes jaunes, agents des gouvernements-zéros, dans les mégaphones alcooliques, dans les déserts d'étrons fumants. Metteurs en scène déments, cravache et color climax hard-core. Encore, encore, encore, encore, crazy lady, le feu dans les cuisses, personne en coulisse, excise le chancre du pouvoir, souffle brûlant sur la peau des mondes, étreinte perçant vos viscères immondes.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.
Longue taule saillie.

"Je ne vieillirai pas ensemble" publié en mars 1983 dans le N° 2 de la revue PLAN FIXE (A. Michel & B. Carpe, éd.)

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posted by Lucien Suel at 06:49