mardi 19 avril 2022

Un poème de Marcel Obin

 C’était quand hier

 

Guerre X Paix

 

Une brassée d’étoiles filantes
Comme un vol de colombes
Dans un ciel dépeint

 

Comme la nuit passe
D’ombre au buisson
La main tourne
Les heures
La nuit le jour
Et toutes les autres nuits
Et tous les autres jours
Effaçant les aveux interdits

 

Rappel des langues et des troupeaux
Le fol cri de l’épervier qui cherche
Un abri dans la lande

 

Tard
Il avait dû
Se perdre
Pour dire aussi
Bien
Au revoir

 

Sur le papier
S’en prendre aux mots
Faire le point
Quand nous parlons à peine
Entre fleur et pleur

 

Rester vivant

 

Le soleil est aveugle
Sans rancune
Le jour baisse

 

Vivre en survivant
Ici et là

 

Ça m’ira

 

Voilà

Ce qui est dit est dit

 

Et voilà
ce qui est fait est fait

 

Le dire et faire

 

Voilà
Ouvrir sa gueule ou
La fermer
Panacher le dire et le faire
Dépasser les limites du construit
Se taire à l’orée du désarroi
Dire le fait uniquement
Même s’il est déconscrit
Merde

 

Après
Cinq ans de guerre

 

Mon grand-père
Émile est rentré
Des tranchées

 

Plus tard

 

J’ai retrouvé
Entre les pages de son livret militaire

 

Un trèfle à quatre feuilles
Séché et tout racorni

 

Comme un baiser
Abandonné par la mort

 

Bruissement de feuilles
Èparses
Pages
Tournées
Et plus encore
Retournées
Sans perdre
Leur pesant d’encre

 

Mémoires de pluie
Quelques traits rageurs sur le profil
Des éclairs

 

Feux de nuit et de tout
Bois
Les poètes sont des assassins

 

L’adolescence est provocatrice

 

Chemise au cœur
Chemise au vent

 

Les drapeaux habillent
Mal

 

Vie secrète
Homme du néant
Le double est ton
Réel

 

Cavale

 

Vivre ta vie
Au pesage

 

Par-delà le mur du sommeil
Un monde qui ressemble au monde

 

Les autres
Les siens les miens
Les ombres

 

Silence
La vérité est sans parole

 

Je me souviens

 

Ma grand-mère avait chuté
Sur le trottoir gelé
Devant cette boutique
Aux 100 000 chemises
Et moi sinistre gamin
Je l’avais regardée
Quoi ?
La langue sans mot
Et les mains dans les poches
À se débattre dans son ample
Manteau d’hiver
Les pieds en l’air

 

Pardon

 

Tout compte fait
À 75 piges
Il te reste
Quoi
10
15
20
Ans
Devant toi
Peut-être
Trente

 

Vivre
Ça fait peur

 

Amis de la mémoire
Qui est ce monsieur
Au regard inconnu

 

Aimez-moi
C’est tout ce que j’ai
À dire

 

Le film de ma vie est un bon film

 

Entrée des artistes

 

Soir
Un homme s’endort
Nuit sans nuit
Jour sans journal
Des souvenirs et des regrets
Aussi

 

Tam-tam du cœur
Quand l’espoir est rompu

 

Le cœur trimardeur trempe dans un pacifique océan

 

La mer écrite est sans ombre

 

Marcel Obin
Avril 2022

Libellés : ,

posted by Lucien Suel at 08:22

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

(moi aussi
ça m'ira)

08:53  

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