mercredi 27 mai 2015

JOURNAL INCOMPLET DE MME B. - octobre 2007 - IV



Mardi
Je suis ma seule lectrice. Je me berce en relisant. Je me berce en lisant d’une voix monotone. Avec France-Musique en sourdine, la voix contralto de Kathleen Ferrier.
Parfois la maison me semble un décor en réduction de l’hôtel de Shining. Je me rappelle de cette phrase écrite des milliers de fois par l’acteur : « all work and no play makes jack a dull boy ».
Mercredi
Sans doute l’évocation du film et le vent qui souffla sur la vitre la nuit entière et le résultat fut un sommeil éparpillé dans des draps qui piègent les mollets s’enroulent en tortillons. Les tempes qui m’écrasent comme un serre-livres. Obligée d’avaler un gros paracétamol 1000 avec mon premier café. Je n’ai plus de Spartan. Je mange la moitié d’une Belle-Fleur-Double. Ces pommes sont trop grosses pour ce qui reste d’appétit à entretenir ma carcasse allégée.
Vendredi
Plus jeune, je goûtais volontiers l’acrimonie et la précision du Journal de Léautaud mais trop de ragots, pas de compassion. J’ai besoin de compassion même feinte, sans doute toujours feinte. Alors je préfère celui de Kierkegaard. Et aussi celui de Kafka qui me fait rire et pleurer d’une page à l’autre.
Dimanche
J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends. J’attends.

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posted by Lucien Suel at 06:40

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

j'ai croisé il y a peu (c'était ici : http://www.maisonstemoin.fr/2015/05/23/posseder/) cette maison, ces différentes typographies dans le grand salon, cet appel du passé : attendre, oui, chère, très, madame B. mais n'attendre rien, voir le ciel et le jour se lever, encore entreprendre et regarder croître les arbres (jamais seule à lire, Mauricette)

13:10  
Blogger Lucien Suel said...

Merci pour la richesse des émotions rencontrées dans la maison témoin. Même dans son appartement de Comines et aujourd'hui dans la petite maison de Wittebecque, j'imagine que celle que vous appelez Mauricette garde une pièce secrète, une chambre semblable à celle de la Zone vers laquelle le Stalker nous entraîne.

18:07  

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