mercredi 13 mai 2015

JOURNAL INCOMPLET DE MADAME B. - octobre 2007 - II



Lundi
Ma vie n’a rien à voir avec la vie de Jane Austen. Je reste dans ma peau fripée. Des images de pattemouille apparaissent au coin des paupières. J’ai le mot sur le bout de la langue mais il reste collé dans mon palais. La sueur l’odeur se mêle à celle de la poussière du café refroidi.
Mardi
Je me cuisine une rusticité de tartiflette, je pense reniflette et seulement pour pleurer les oignons dépluchés glissant dans la poêle. Je ne saurais pleurer sur ce qui me reste, de moi.
Dehors des gens travaillent manient des meuleuses et une scie circulaire. Abrasion.
Le soleil a gagné, les nuages ont fondu en défaite partis filtrer d’autres régions.
Jeudi
Promenade matinale en circuit du pâté de maisons et de champs. La brasserie est dans la buée. Je sais que je n’y peux rentrer. Le tabac me donne des quintes arracheuses. Des souvenirs d’autrefois. La sueur dans la flanelle. Aigre douce.
Le reste de tartiflette a charbonné le pyrex. Je gratte longtemps en laissant les âneries sortir couler de mon vieux poste transistor.
Samedi
Je guette le facteur. Il faudra que je signe pour le chéquier. Maintenant je l’use pour une année. Je ne me dépense plus. Je ne dépense plus. Je suis loin de la bataille, rangée pour les affaires.
Les journaux sont vieux mais ils disent la même chose que l’actualité. L’actualité de la goinfrerie, de l’avidité. J’essuie un demi-sourire de mes lèvres. Je l’aperçois dans le miroir du couloir.

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posted by Lucien Suel at 07:24