La Covidie par Hervé Gasser 2/16
II
Lundi seize mars,
huit heures quarante trois
Au
milieu du séjour un pupitre à deux places
Attend
les enfants pour le premier jour de classe
Je
lance : Bienvenus à l’école ! Ils y croient
Les
manuels sont rangés dans la bibliothèque
Sur
une étagère vidée pour l’occasion
J’ai
imprimé un grand emploi du temps avec
Du
Français, des Maths, des cases Récréation
Des
Temps de Découverte et des Moments Lecture
Il
n’y a plus d’école à cause du virus
Pour
au moins deux semaines, probablement plus
Mais
faut-il que leur monde s’effondre ou qu’il dure ?
Nous
allons jusqu’au parc entre midi et deux
Il
y a trop de vent pour jouer au badminton
Je
m’assois sur un banc, il n’y a presque personne
Deux
mecs un peu rockeurs parlent de CO2
Un
trompettiste joue derrière des lauriers
Les
enfants se prennent pour des aventuriers
La
chienne cherche une position confortable
Et
je regarde mon téléphone portable
Vingt-et-un
morts de plus en France,
depuis hier
Six-cents
personnes sont en réanimation
L’épidémie
se prête à l’accumulation
On
ferme. On ferme tout. On ferme les frontières
Et
tant pis pour Schengen en Suisse, en Espagne
En
Lituanie, Serbie, Pologne ou Allemagne
Le
nombre des pays s’accroît tous azimuts
Le
fil est mis à jour minute après minute
On
ferme. On ferme tout. On baisse le rideau
On
vient de fermer Disneyland à Orlando
Tous
les magasins Nike et tous les Apple stores
On
ferme les écoles, les aéroports
Les
usines, les zoos, les jardins, les églises
Et
les expatriés partout font leurs valises
On
ferme. On ferme en cinq sec, fissa, rapido
Et
l’accumulation invite au crescendo
On
ferme subito, on dirait qu’on a honte
Comme
les cons qui n’ont pas vu que la mer monte
Couvre-feu
en Iran, au Soudan, au Maroc
Quarantaine
à Manille, Wuhan et New York
Les
Etats-Unis décrètent l’état d’urgence
Les
italiens sont assignés à résidence
Et
les anglais demandent aux industriels
D’assembler
des respirateurs artificiels
Le
vent est un peu froid, j’éteins mon téléphone
La
trompette a cessé et laissé en partant
Un
silence inédit, un vide qui résonne
Je
crie : Eh ! On rentre à la maison, les enfants
...
La Covidie est le journal tenu par Hervé Gasser du 15 mars au 9 mai 2020.
Ce journal divisé en 16 chants est écrit en alexandrins rimés.
Ce journal divisé en 16 chants est écrit en alexandrins rimés.
Libellés : alexandrins, Covidie, Hervé Gasser, Journal, Poésie
1 Comments:
(comme ils sont doux ces chants dus à Hervé Gasser
on dirait qu'il écrit une légende du siècle
où ses contemporains garderaient la raison
nous verrons, nous suivons et nous remercions)
Enregistrer un commentaire
<< Home