VISIONS D'UN JARDIN ORDINAIRE 16/19
La route est creusée par le fer d’une arbraquette*.
C’est une route droite, un chemin pour voyager dans le temps. Les bulbilles ont
quitté la nursery, hiver passé hors de la terre, une somnolence à l’abri du gel
qui coagule le sol en épais caillots noirs. Aujourd’hui, dans l’air du
printemps, un à un, les petits éclats, ail, ail, ail, s’alignent. Cordons.
Celui du jardinier, cordeau qui taille la route, et les cordons blancs, séchés,
les restes de l’ascension interrompue vers le soleil de l’été dernier. Voici le
moment de reprendre la route. Voici de nouveau la mise en terre pour vous
arrondir, vous gonfler, petites gousses roses ou blanches. La route est longue.
Les ails réfléchissent longtemps. Leur tête enfle en silence sous le ciel et
sous la terre. Les élus montent, fleurs en boule, sceptre odorant. La masse des
ails se nommera botte, mais ils seront tête nue, pieds déchaussés, ail, ail,
ail.
*L'arbraquette, mot picard : la binette
*L'arbraquette, mot picard : la binette
Photo Josiane Suel, texte Lucien Suel
Traduction en néerlandais par Johan Everaers
Het ijzer van de korte schrepel trekt een baan. Het is een rechte baan, een
weg voor een reis in de tijd. De bollen hebben de kinderkamer verlaten, buiten
de tuin overwinterd, beschut tegen de vorst die de grond tot vaste zwarte
kluiten klontert. Vandaag in de voorjaarslucht worden de teentjes knoflook ook,
ook, ook één voor één op een rijtje in de grond gezet. Touwtjes. Dat van de
tuinman, touw dat de lengte van de weg
aangeeft, en witte verdroogde touwtjes, de overblijfselen van de vorige zomer,
onderbroken weg omhoog. Nu weer op weg. Nu worden jullie weer in de grond
gestopt om ronder en voller te worden,
kleine roze en witte teentjes knoflook. De weg
is lang. Knoflook sluimert lang onder de grond, groeit in stilte. De
eerste sprietjes ontluiken. De zorgvuldig geselecteerde plantjes groeien op,
een bloeiende bol, een geurende scepter. De teentjes vormen straks een
bolletje, maar blootshoofds en barrevoets is knoflook, ook, ook, ook.
Libellés : Jardin ordinaire, Johan Everaers, Josiane Suel, Lucien Suel, Photos
2 Comments:
Mon ami Grévisse (Maurice, ça rime) me dit (#283 7° édition, Duculot à Gembloux (Belgique) 1961 je peux pas l'inventer...) qu'on emploie comme on veut ails ou aulx (j'aime préférer aulx pour le bruit qu'ils font et me remémore celui de ce qui les arrose). J'y connais rien mais je pose la question quand même : c'est pas trop tôt pour les aulx ?
Merci pour l'avis de Grévisse (ça rime pas vraiment). Je préfère dire ails, parce que "des aulx" j'entends "des os".
Oui c'est un peu tôt mais cette photo a été prise en mars d'une autre année.
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