Ichi leu / Ici là - IVAR CH'VAVAR
Ce nouveau livre d'Ivar Ch'Vavar est paru à l'automne 2009 aux Editions des Vanneaux. Un grand poème inédit, en picard, écrit il y a 20 ans par Ivar Ch'Vavar. L'auteur m'a demandé d'en faire la traduction en français. La traduction terminée, il m'a aussi demandé des illustrations pour le livre. Jacques Josse a rédigé un bel article sur "Ichi leu" pour Remue.net.Voici la traduction de la fin du poème accompagnée d'un des dessins originaux.
...
– un rêve ?
Ô ! bouleaux de la nuit !
laissez-moi contempler vos alignements !
Je suis affaibli tenaillé par la faim, ma langue se raidit
j’avance avec la sensation d’avoir été éviscéré
– à part moi
Il n’y a pas à dire quelque chose en moi a été disloqué –
tombe, petite pluie !
si je pouvais remonter mon mécanisme avec une manivelle
j’agiterai mes bras, sais-tu !
indolent et ahuri je suis
mais, garnements et morveux,
jusqu’à votre venue
je reste dans ma cachette ;
un rayon
m’éblouit...
à travers les fenêtres
à travers les maisons
la prochaine fois, gamines,
vous m’amènerez au billot.
Tombe, petite pluie !
Tombez, grêlons !
je cherche une cabane au milieu des saules ;
je cherche des jonquilles et j’en trouve en quantité ;
Qu’en faire ? gamines, où êtes-vous ?
Je cherche du tord-boyaux –
laissé à moi-même
maintenant, là.
– dernier sillon
Ce n’est pas encore l’après-midi
mais il n’est plus si tôt que tout à l’heure ;
les fleurs de silènes et de carottes sauvages
sont agréables à regarder ;
je crache un noyau de pêche
je voudrais qu’on me rejoigne
là, pour me faire souffrir ;
qu’on me tabasse sauvagement
et qu’après on me fasse avancer à quatre pattes
dans les rues, un anneau de métal dans le groin...
Je me tiens à l’entrée
du village, là où
l’oreille s’affine
avant que de s’engourdir encore ;
je prends mon élan –
j’entends tous les bruits ;
je prends mon élan –
le silence m’assourdit ;
je prends mon élan –
je retombe là où j’étais
là où toujours je suis.
...
– un rêve ?
Ô ! bouleaux de la nuit !
laissez-moi contempler vos alignements !
Je suis affaibli tenaillé par la faim, ma langue se raidit
j’avance avec la sensation d’avoir été éviscéré
– à part moi
Il n’y a pas à dire quelque chose en moi a été disloqué –
tombe, petite pluie !
si je pouvais remonter mon mécanisme avec une manivelle
j’agiterai mes bras, sais-tu !
indolent et ahuri je suis
mais, garnements et morveux,
jusqu’à votre venue
je reste dans ma cachette ;
un rayon
m’éblouit...
à travers les fenêtres
à travers les maisons
la prochaine fois, gamines,
vous m’amènerez au billot.
Tombe, petite pluie !
Tombez, grêlons !
je cherche une cabane au milieu des saules ;
je cherche des jonquilles et j’en trouve en quantité ;
Qu’en faire ? gamines, où êtes-vous ?
Je cherche du tord-boyaux –
laissé à moi-même
maintenant, là.
– dernier sillon
Ce n’est pas encore l’après-midi
mais il n’est plus si tôt que tout à l’heure ;
les fleurs de silènes et de carottes sauvages
sont agréables à regarder ;
je crache un noyau de pêche
je voudrais qu’on me rejoigne
là, pour me faire souffrir ;
qu’on me tabasse sauvagement
et qu’après on me fasse avancer à quatre pattes
dans les rues, un anneau de métal dans le groin...
Je me tiens à l’entrée
du village, là où
l’oreille s’affine
avant que de s’engourdir encore ;
je prends mon élan –
j’entends tous les bruits ;
je prends mon élan –
le silence m’assourdit ;
je prends mon élan –
je retombe là où j’étais
là où toujours je suis.
traduit du picard par Lucien Suel
Libellés : Dessins, Ivar Ch'Vavar, Lucien Suel, Poésie, Traduction
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