Colonnes dénudées (3)
BLACKBOULAGE
OSTROGOTH
 I
Le béton
armé absorbait 
la vapeur
issue du sein 
phonique
de la foule en 
nage qui
piétinait sous 
la voûte
cimentée parmi 
les
bouteilles cassées, 
les
mégots mâchouillés, 
les
serviettes tachées, 
les
ivrognes vésiculeux 
et les
flaques d'urine. 
L'horreur
aux doigts de 
rose
calcine l'âme dans 
la durée
eschatologique 
et très
incertaine dont 
certains
faux prophètes 
profitent
mesquinement. 
Les
stridences beuglées 
dans ce
souterrain rade 
méritent
bien de hisser 
les
"mugissiens" avinés 
sur le
poil de la taupe 
cinquante
fois aveugle. 
L'ésotérisme
prôné dans 
les
conciliabules vides 
par des
zozos terreux a 
perdu
toute perspective 
et ne
fixera jamais les 
visions
diaboliques qui 
traversent
la figure de 
l'épicier
calculateur à 
la
cervelle saprophage. 
Le
commerçant vermineux 
empile
les cartons gris 
dans son
antre aseptisé 
froidement
par les durs 
palanquins
de néon. Les 
esclaves
consomment par 
tous les
pores, de part 
et
d'autre du comptoir. 
La
chaleur et la lourde 
fatigue
faisaient mûrir 
des
varices noires sous 
l'irritant
nylon ridant 
les
mollets féminins de 
l'ensemble
désaltérant. 
La longue
table coupe à 
travers
la foule fétide 
comme
l'axe de symétrie 
dans le
repaire crucial 
d'une
géométrie impure. 
Les
batraciens aux yeux 
globuleux,
les asticots 
annelés
de muscles très 
blancs,
les mollusques, 
les
gastéropodes myopes 
paient un
lourd tribut. 
Parfois,
un client dopé 
traverse
la salle ainsi 
qu'un
canard au fessier 
tremblotant
et sanieux, 
le nez
violacé smurfant 
dans la
puanteur brune. 
Des
bourgeons de chair, 
des
giclures d'intestin 
écrasé,
des brisures de 
coquilles
gluantes : le 
parquet
de la piste des 
danseurs
se transforme, 
les
semelles patinent à 
vive
allure sur la mare 
mitée
emmi les reliques 
humides
des sacrifices.
Colonnes dénudées (1994) fut mon premier recueil de poèmes en vers justifiés (ou arithmogrammmatiques)   
Libellés : Archives, Colonnes dénudées, Lucien Suel, Poésie, Vers arithmogrammatiques, Vers justifiés

 
    
  
  


 
    
    
   
   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

2 Comments:
"L'horreur aux doigts de rose" : l'allusion laisse b(r)éton; :-)
Rhododactylos Eos ! Rhodo tendron !
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