mercredi 1 avril 2015

"Fils de..." par Jean-René Lefebvre



FILS DE
Fils de rien, fils de personne, fils de chien, fils de Bobonne, fils de la Madone, fils subtil d'un arôme d'esprit saint, fils dénoué, renoué, avoué comme une faute, fils de bonne famille, fils prodigue, fils que défit le destin, fils ramassé à la louche, fils de toutes et tous, fils de Patti Smith fille des rues de New York et de Mapplethorpe, cheval blanc au revers du veston, horse! horse! amour éthiopien de Rimbaud le fils, fils d'Allen Ginsberg poète intact que n'entamera jamais nul Léviathan ou Moloch, barbe guillerette, tablas, ragas, Sangha de Chögyam Trungpa, fils des droits civiques, Martin Luther King, Muddy Waters, John Lee Hooker, fils de Jack Kerouac sur la route, voiture, voilure, vois-tu l'allure de ce prince qui te baisa au front le jour de ta mort, fils de John Coltrane, petite église de bois bleu au bord de la route, chants liturgiques, messe pascale, nouveau dieu, blue note, ciel dégagé, Afrique subaquatique grondant dans les filets de la mère patrie, fils de William Burroughs, exterminateur menant sa troupe de garçons sauvages, junky impeccable en costard cravate, Chrysler rose au fond de la cour c'est là que tu fais l’amour certainement défoncé aux dernières nouvelles par téléphone agile aux ailes de papier kraft, fils d'une main qui n'ignorait pas que l'autre écrivait un poème de bitume, un poème pour l’asphalt jungle d'une route où traçait une horde de chimpanzés, fils d'un lapin blanc dans le jardin d'Alice et de Jefferson Airplane insultés par quelques hell’s angels shootés au premier rang, fils de Cream et de Clapton, God is everywhere on the sunshine of your love, God is a politician in my white room, fils d'une musique de drogué, drogué toi-même, fils de l'absinthe Verlaine, verte statue de sel couverte d'algues au bord de la mer étale en allée avec le soleil, fils de Rimbaud le fils et d'Artaud le momo, ne te retourne pas ou tu perdras ta toile et tous ses fils et dès lors à qui téléphoner tes dernières nouvelles au bout du fil ?

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posted by Lucien Suel at 08:39