Cheval23 en Pirouésie (2/8)
Le 31 juillet 2014, à Pirou (Cotentin), concert Cheval23 (lire Cheval deux trois) dans le cadre du festival "Pirouésie". Concert filmé par Camille Philibert.
Cheval23 : Arnaud Mirland, guitare + Lucien Suel, textes et voix.
Cheval23 : Arnaud Mirland, guitare + Lucien Suel, textes et voix.
Suite du concert : "D341 Chaussée Brunehaut", extrait de "Je suis debout"
D'ici je pars vers d'ici vers je
oui descends 
de mes collines vers dévale au
loin. D'ici 
je vois vers les monts. Je d'ici
saute au-dessus 
des taupinières Cassel Mont des
Cats Mont Noir. 
Vers la frontière belge à Abeele
j'achète 
ma bière à la ferme chez Monsieur
Cuvelier 
sur le bord de la grand-route de
Poperinge. 
Un casier vert de Hommel Bier un
casier noir 
de Westmalle Tripel. Je reviens de
je rentre 
comme assis sur la banquette
arrière. Du nord 
je vois les Collines d'Artois comme
autrefois 
de l'Aronde. Pousse palet de la
marelle 
traverse la chaussée Brunehaut axe
est-ouest 
d'Arras à Boulogne-sur-Mer sur
l'apophyse 
vertébrale des collines. Traînée de
sang 
laissée par les muscles déchirés de
la reine 
effacée par les roues. Milliers
d'automobiles 
qui filent en vaporisant des gaz.
Le vent 
de la Manche de Stella-Plage du
sud-ouest 
balaie aussi tout ça les restes
d'ypérite 
les restes de grisou vers le nord
dans la toile 
trouée des moulins et dans les
peupliers blancs 
frissonnant le long de la route.
L'élagage 
a produit des déformations ;
celui que j'aime 
s'est élancé vers le ciel mais sa
chevelure 
d'épinoches sème les poissons
argentés 
vers le nord derechef mais la
racine au sud 
vers la chaleur de la terre. Un
degré de plus 
tous les trente-trois mètres ;
les mineurs tassés 
dans les terrils-mausolées avec les
os blancs 
des jeunes hommes de Dixmude de
Vimy 
de Kemmel, le savent. Les nuages
défilent 
vers le nord comme une limaille
métallique 
attirée vers le pôle des aimants,
un autre 
jardin des amants de Virginie où
Borée 
fait tournoyer le tout dans les
sept directions 
de la cosmologie navajo : nord
sud est 
ouest haut bas l'en-dedans le cœur.
L'ombre est toujours 
du côté du nord quand je descends
de Lisbourg 
à Gand. À Lisbourg c'est le petit
gerbier des 
roseaux de la Lys, un trou noir
d'eau noire qui 
descend vers Gand vers Laatem Saint
Martin vers la 
pâture verte de l'agneau mystique
des 
frangins Van Eyck. On croise un
pêcheur à la ligne 
un peu frère des pécheurs en robe
de lin
blanc du tableau. Il de ses gros
doigts agricoles 
pétrit des petites boulettes rouges
dans 
la pâte mystic ; le sang de l'agneau pour les 
brochets les percots et les tanches
de la Lys. 
Sur ma gauche arrive l'Escaut
vibrant sous les 
trains de péniches de Tournai,
roulant vers la 
Zélande vers l'île de Johan et de
Tien, 
s'allongeant sous l'immense pont de
Zierikzee. 
le Nord existe depuis le
commencement 
des temps pas l'Occident créé par
le drakkar 
d'Erik le rouge, révélateur du
globe, ou 
les caravelles, la colombe. Le
soleil 
s'écroule dans la mer, coulées
rouges de fonte 
au couchant, cauchemar futur climatisé.
Dans le givre à l'est la
résurrection flamboie. 
Même à l'extrême nord je relève la
tête 
pour voir un autre nord des
étoiles. Je l'ai 
tout ça d'ici de ma cave calcaire
ici 
sous les ruissellements de la pluie
s'infiltrant 
goutte à goutte pour jaillir puits
artésien roc
frappant l'imagination du docteur
Faustroll. 
L'enfer était ce jour-là en
Artois. Crachant
cravachant la toile écrue avec la
salive 
du cobra à trois têtes, Amsterdam
Copenhague 
Bruxelles, alors que Christian
Dotremont venu 
de la plaine s'égare au nord dans
les neigeux 
logogrammes de Laponie express
parmi 
les visions fraises sauvages de
Knut Hamsun, 
les cathédrales cristallines de
Tarjei 
Vesaas. Ô Mathis et ô Matisse la
toile, 
dans la force que donne un
dénuement inouï. 
Inuit transformant une lamelle de
lard 
en patin de luge ; le sang de
l'ours polaire 
bouillonne sous une lourde fourrure
blanche. 
Le nord est dans le ciel d'acier.
Les souffles sont 
purifiés dans la neige saturée de
plomb 
poudreux comme le cercueil de l'ours
transporté 
dans le vent ; per ipsum
cum ipso in ipso ; 
la déchirure de la voûte coagule 
les
ectoplasmes. Mes morts m'attendent là-bas.Libellés : Arnaud Mirland, cheval23, Je suis debout, Kerouac, Lucien Suel, Performance, Pirouésie, Poésie sonore, Vidéo

 
    
  
  


 
    
    
   
   
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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