Les Versets de la bière
« Les Versets de la bière, journal 1986 – 2006 », vient de paraître aux éditions du Dernier Télégramme et est disponible en librairie. Ce journal a été composé en 2006, à partir de mes carnets de notes et agendas.
Pour chacune des 20 années parcourues, j’ai rédigé un certain nombre de séquences qui se suivent par paires de blocs. Chaque paire comprend un bloc "narratif" suivi d’un bloc "aphoristique", les aphorismes étant grosso modo en lien avec ce qui est raconté au-dessus.
A titre d’exemple, je reproduis ci-dessous la première paire, le début du livre (année 1986) et la dernière paire qui conclut l’ouvrage (année 2006).
L’ensemble du livre a été rédigé en employant des contraintes numériques.
Année 1986
Année 2006
[...]
Pour chacune des 20 années parcourues, j’ai rédigé un certain nombre de séquences qui se suivent par paires de blocs. Chaque paire comprend un bloc "narratif" suivi d’un bloc "aphoristique", les aphorismes étant grosso modo en lien avec ce qui est raconté au-dessus.
A titre d’exemple, je reproduis ci-dessous la première paire, le début du livre (année 1986) et la dernière paire qui conclut l’ouvrage (année 2006).
L’ensemble du livre a été rédigé en employant des contraintes numériques.
Année 1986
La terre du jardin est profondément gelée.
Je rentre en clinique à Bruay. Pas de chambre particulière ce soir.
Je suis obligé de m’installer dans une chambre occupée par un type opéré d’une hernie.
Il passe tout son temps à regarder la télévision. Un sentiment d’horreur m’accable, en dépit de la présence apaisante de J..
Elle doit malheureusement me laisser. L’opération est prévue pour demain matin. Je suis tellement malheureux de cette promiscuité que dans le courant de la nuit, je songe sérieusement à quitter l’hôpital. Nos désirs sont irréalisables, nous le savons.
on ne pense pas à regarder sa montre au moment de mourir --- le noir n’est pas une couleur salissante --- à partir d’un certain âge on ne saute plus dans son lit --- le peloton d’exécution est une variante brutale du tatouage --- on se déplace au milieu des ondes électromagnétiques --- on marche dans l’herbe entre une publicité pour des pâtes italiennes et un film pornographique crypté --- on finit toujours par se calmer --- le vêtement sert à nous protéger du froid et des voyeurs --- la bière est une boisson hygiénique --- on peut dormir dans la journée
[...]Je rentre en clinique à Bruay. Pas de chambre particulière ce soir.
Je suis obligé de m’installer dans une chambre occupée par un type opéré d’une hernie.
Il passe tout son temps à regarder la télévision. Un sentiment d’horreur m’accable, en dépit de la présence apaisante de J..
Elle doit malheureusement me laisser. L’opération est prévue pour demain matin. Je suis tellement malheureux de cette promiscuité que dans le courant de la nuit, je songe sérieusement à quitter l’hôpital. Nos désirs sont irréalisables, nous le savons.
on ne pense pas à regarder sa montre au moment de mourir --- le noir n’est pas une couleur salissante --- à partir d’un certain âge on ne saute plus dans son lit --- le peloton d’exécution est une variante brutale du tatouage --- on se déplace au milieu des ondes électromagnétiques --- on marche dans l’herbe entre une publicité pour des pâtes italiennes et un film pornographique crypté --- on finit toujours par se calmer --- le vêtement sert à nous protéger du froid et des voyeurs --- la bière est une boisson hygiénique --- on peut dormir dans la journée
Année 2006
[...]
Je ne suis pas schizophrène, mais polyphrène.
Début novembre, Festival Poésie Marseille. Je lis à L’Odeur du temps.
Plaisir de retrouver tous les amis, Jean-François Meyer, Marina Mars, Julien Blaine, Lorenzo Menoud, Nicolas, Caroline...
Plaisir aussi d’arpenter les rues de Marseille sous le soleil avec J. Déguster des moules-frites en terrasse sur le Vieux Port !
Spinrad : "Il n’y a que cela de réel, l’image, parce que quand il s’agit de savoir ce qui se passe dans le monde qui nous entoure, l’image, c’est tout ce que connaissent ces pauvres cons."
il n’existe pas de traitement médical ou chirurgical de l’idiotie --- on stérilise les bocaux pour empêcher la reproduction des haricots --- on fait sécher les fruits au soleil pour économiser le pétrole --- on congèle les petits pois et la bavette de bœuf --- on est dans la merde jusqu’au plafond --- on nage dans la pâte mot --- on a lu entendu Christophe Tarkos --- on recopie le mode d’emploi --- on se débarrasse des morts-vivants à coups de bombes atomiques --- on empêche la fuite des cerveaux --- on meurt dans son sommeil ou au volant de sa voiture --- il est plus tard qu’on ne pense
Début novembre, Festival Poésie Marseille. Je lis à L’Odeur du temps.
Plaisir de retrouver tous les amis, Jean-François Meyer, Marina Mars, Julien Blaine, Lorenzo Menoud, Nicolas, Caroline...
Plaisir aussi d’arpenter les rues de Marseille sous le soleil avec J. Déguster des moules-frites en terrasse sur le Vieux Port !
Spinrad : "Il n’y a que cela de réel, l’image, parce que quand il s’agit de savoir ce qui se passe dans le monde qui nous entoure, l’image, c’est tout ce que connaissent ces pauvres cons."
il n’existe pas de traitement médical ou chirurgical de l’idiotie --- on stérilise les bocaux pour empêcher la reproduction des haricots --- on fait sécher les fruits au soleil pour économiser le pétrole --- on congèle les petits pois et la bavette de bœuf --- on est dans la merde jusqu’au plafond --- on nage dans la pâte mot --- on a lu entendu Christophe Tarkos --- on recopie le mode d’emploi --- on se débarrasse des morts-vivants à coups de bombes atomiques --- on empêche la fuite des cerveaux --- on meurt dans son sommeil ou au volant de sa voiture --- il est plus tard qu’on ne pense
Libellés : Journal, Lucien Suel, Versets de la bière
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