jeudi 23 août 2007

Mont Saint-Eloi

Ce dimanche 26 août, à Mont-Saint-Eloi, village d'Artois sur la chaussée Brunehaut (D 341) à quelques kilomètres d'Arras, poésie, musique et performances dans le cadre du festival Ruréalités.

Voici un extrait du poème Mont-Saint-Eloi, poème de circonstance.

(lecture intégrale le dimanche matin, à 10h30, dans l'église d'Ecoivres-Mont-Saint-Eloi, reprise l'après-midi à 16h pendant la performance "Poésie concrète" au Café de l'Abbaye, place de Mont-Saint-Eloi)

...

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois.
Les fenêtres trouées des tours
sont des passages
vers le futur,
vers le passé,
portes vers d’autres galaxies,
portes de science-fiction.
Les oiseaux, choucas et pigeons, braillent dans les ruines, caquetage insensé.
Juste à côté, un hangar. Le toit de tôles ondulées arraché par la dernière tempête pend misérablement dans le vide.
Des projecteurs éteints dardent leur gros œil blanc au bas des murs.
Le vent balaie la plaine vers Arras.
Au loin, au sud, les autres tours : les Blancs Monts, immeubles H.L.M. d’Arras, quartiers, banlieues, cités, barres et résidences.

Mont-Saint-Eloi,
Crêtes d’Artois,
Dans le cimetière, les tombes. Les Christs brisés, la Vierge des douleurs,
l’écho des combats de mai 1940,
le 4ème régiment de dragons portés,
tombés,
enterrés,
oubliés.
Devant les soldats inconnus, les pigeons anonymes roucoulent, les chiens attachés aboient.
Proche des ruines, une clôture faite d’anciennes traverses de chemins de fer, dressées à la verticale comme des stèles funéraires.
Dans l’enclos de la ferme voisine, les oies pataugent dans la boue en attendant la commercialisation de leurs cadavres déplumés.
Sous les tours, le visiteur se déplace autour des amas de crottes de pigeons séchées, et déchiffre des inscriptions sur les pierres
« MORGANE 2007 » « NTM » « MB=SL ».
Plus loin, il est informé de la réhabilitation prochaine de la salle Hamilton, Mary Riter Hamilton, Canadienne, peintre des champs de bataille de la Grande Guerre.
Juste en face, vestiges du service public : une cabine téléphonique à pièces, une boîte aux lettres jaune, le garage des pompiers, l’abribus comme mini-maison des jeunes.
« Clara et Arthur recherchent personne motorisée pour venir les chercher chez leur nourrice. »
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Lucien Suel

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posted by Lucien Suel at 09:13