Un poème de Marcel Obin
C’était quand hier
Guerre X Paix
Une brassée d’étoiles
filantes
Comme un vol de colombes
Dans un ciel dépeint
Comme la nuit passe
D’ombre au buisson
La main tourne
Les heures
La nuit le jour
Et toutes les autres nuits
Et tous les autres jours
Effaçant les aveux interdits
Rappel des langues et
des troupeaux
Le fol cri de l’épervier qui cherche
Un abri dans la lande
Tard
Il avait dû
Se perdre
Pour dire aussi
Bien
Au revoir
Sur le papier
S’en prendre aux mots
Faire le point
Quand nous parlons à peine
Entre fleur et pleur
Rester vivant
Le soleil est aveugle
Sans rancune
Le jour baisse
Vivre en survivant
Ici et là
Ça m’ira
Voilà
Ce qui est dit est dit
Et voilà
ce qui est fait est fait
Le dire et faire
Voilà
Ouvrir sa gueule ou
La fermer
Panacher le dire et le faire
Dépasser les limites du construit
Se taire à l’orée du désarroi
Dire le fait uniquement
Même s’il est déconscrit
Merde
Après
Cinq ans de guerre
Mon grand-père
Émile est rentré
Des tranchées
Plus tard
J’ai retrouvé
Entre les pages de son livret militaire
Un trèfle à quatre
feuilles
Séché et tout racorni
Comme un baiser
Abandonné par la mort
Bruissement de
feuilles
Èparses
Pages
Tournées
Et plus encore
Retournées
Sans perdre
Leur pesant d’encre
Mémoires de pluie
Quelques traits rageurs sur le profil
Des éclairs
Feux de nuit et de
tout
Bois
Les poètes sont des assassins
L’adolescence est provocatrice
Chemise au cœur
Chemise au vent
Les drapeaux
habillent
Mal
Vie secrète
Homme du néant
Le double est ton
Réel
Cavale
Vivre ta vie
Au pesage
Par-delà le mur du
sommeil
Un monde qui ressemble au monde
Les autres
Les siens les miens
Les ombres
Silence
La vérité est sans parole
Je me souviens
Ma grand-mère avait
chuté
Sur le trottoir gelé
Devant cette boutique
Aux
100 000 chemises
Et moi sinistre gamin
Je l’avais regardée
Quoi ?
La langue sans mot
Et les mains dans les poches
À se débattre dans
son ample
Manteau d’hiver
Les pieds en l’air
Pardon
Tout compte fait
À 75 piges
Il te reste
Quoi
10
15
20
Ans
Devant toi
Peut-être
Trente
Vivre
Ça fait peur
Amis de la mémoire
Qui est ce monsieur
Au regard inconnu
Aimez-moi
C’est tout ce que j’ai
À dire
Le film de ma vie est un bon film
Entrée des artistes
Soir
Un homme s’endort
Nuit sans nuit
Jour sans journal
Des souvenirs et des regrets
Aussi
Tam-tam du cœur
Quand l’espoir est rompu
Le cœur trimardeur trempe dans un pacifique océan
La mer écrite est sans ombre
Marcel Obin
Avril 2022
Libellés : Marcel Obin, Poésie
1 Comments:
(moi aussi
ça m'ira)
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