mercredi 8 août 2012

MINUTES DE SAMPLE MÉMORIAL (1/3)

Ces « MINUTES DE SAMPLE MÉMORIAL » sont le résultat d’un cut-up réalisé à partir de deux textes originaux : « Lieds funèbres », au début des « MINUTES DE SABLE MÉMORIAL », premier livre publié d’Alfred Jarry, et les premières pages du « FESTIN NU », en anglais « NAKED LUNCH », le plus célèbre roman de William Burroughs, inventeur du cut-up.
Outre le fait que ces deux écrivains ont exercé sur nous une forte influence, nous avons noté d’autres convergences entre eux. William Burroughs, décédé en 1997, partageait avec Alfred Jarry une même misogynie, et comme lui, éprouvait un attrait certain pour les opiacés. Nous ne savons pas si le Docteur Benway, personnage très ubuesque du
Festin nu, aurait sympathisé avec le Docteur Faustroll, mais nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que le premier volume collectif consacré au cut-up et qui réunissait des textes composés par Burroughs et ses amis fut publié en 1960 à Paris sous ce titre : « MINUTES TO GO »...

I

Sur l’écran tout blanc du grand ciel, dans l’ombre en train de combiner, les enterrements passent, tels les verres de charme, et baver de joie en Famine sonne aux oreilles vides. A la station de Washington, la cloche joyeuse pend à ses doigts pour dévaler la ferraille des grands loups fauves et des corbeaux. La porte du wagon sonne aux oreilles vides par la ville morne, pomme d’un bachelier de la haute Croix des cimetières.

Levons nos bras, pédale !

Probable que je suis de ces ouvriers qui piochent bon cheval avec les barmen ! N’est-il donc un Saint, bien en cour, rugby ou crochets du droit et qui intercède ? Et Croix des cimetières, votre grêle foule arrive pile sur le quai dans un coin de votre domaine.

Déroule, déroule sa houle, sa houle, inaperçu. Je sais d’avance comment les flots de pierre le couvrent. Sa main gauche et son pétard luisent, sous les astres blonds, se posent. Mon pote n’a point de nom. Pédé bachelier, je le regarde droit, le méprise nain, croassant l’injure au bon hâle des plages de Floride.

Croix des cimetières, tendons-lui la chemise luxe à col boutonné ! Au jeune cave qui veut avoir à la main une petite provision de tombes de serpents coupés, Hollywood de mort désormais éteinte.

« Merci petit, dis-je, je vois que tu es son Cortège noir de grands loups. »

Du coup, sa bobine s’illumine. Comme Blanc au Noir succède partout le crétinisme rose bonbon : le salaud versant sur les hommes des pleurs de donné.

Je me pose contre lui et pose mes doigts, coupant de rais blancs l’ombre.

« Nous deux on est frères de sang, sur l’ombre. Les nuages sont en confidence. »

La manne s’accroche aux pignons d’une capsule blanche empoisonnée. Méthode usuelle. Une nappe blanche jusqu’à la strychnine, qui a le goût de blanc lui-même, de blanc.

« Une séance de braise, petit ? Moi, vêtu comme un boulanger. »

Philadelphie. On avait équipé sa piaule de farine claire. Pour nos vœux exaucés, nous voudrions voir ôter l’aiguille de son bras. Cortège noir et on retrouve le zig tout bleu, oreilles vides, si vides et folles, et le regard linceul de mort sur la ville froide.

« Fiston c’était du gâteau... »

Bourdonnements... L’odeur de roussi se rapproche, tragique. Monotone lanterne magique, ma cuiller et le compte-gouttes.

Bourdonnements... Héros de feuilleton tu connais le style trêve nos froides racines, le gars qui sait auprès de Dieu notre père, pour qu’il appelle le loufiat du snack. Voilà le poulet des Stupéfiants, bloc de granit perdu dans un imperméable blanc (se mettre en blanc de fleuve jusqu’à ses genoux). Il a dû se dire que le genre tapette passera en brandissant ses cuisses dures, ses coudes dans la droite : « J’ai idée que t’as perdu, soudé pour l’éternité. »

Mais le métro démarre. Je crie : « Salut pied plat, ignoré des hommes ! Croix de cinéma populaire ! ». Et je me retourne bras dressés. Le corbeau qui vole les yeux, je note ses dents bien blanches.

Courbé, le vieux Saint-Accroupi, costume d’alpaga à deux cents dollars, plainte de nos bras dressés : ça se gargarise en parlant « herbe ». Ouvriers qui tuent nos racines pour en offrir aux affranchis croisant les bras et que la Famine remmène sous terres nôtres.
à suivre...

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posted by Lucien Suel at 07:05

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Étonnamment fluide et harmonieux dans sa disharmonie.

À cut off le souffle? :D

05:39  
Blogger Lucien Suel said...

Merci pour les commentaires étonnamment justes et littéraires.

08:29  

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