mercredi 24 septembre 2008

A chacun sa place

En librairie
A CHACUN SA PLACE
ISBN 978 2 917817 00 1
Collection : Un singulier pluriel (Société)
Dépot Légal 3ème trimestre 2008
180 pages - Papier couché satiné 150g - cousu - CD inclus
Prix : 29 euros
Auteurs : Photos, Florence Ferrandi - Entretiens, Stéphanie Maurice,
Textes de Pierre Garnier, Ian Monk, Lucien Suel, Francis Delabre, Dimitri Vazemsky, Eugène Durif
Musiques et Chansons : Olivier Mellano, Das Kapital, Jérome Minière, Stanley Brinks, mmmop, Dylan Municipal, Laure Chailloux, Katel, Bertrand Betsch

Au commencement, il y a un de ces plans d'urbanisme qui vous bouleversent les horizons, immédiat et lointain. Ensuite, et souvent très rapidement, on se demande ce qu'il pouvait y avoir à la place de ce qui était pourtant notre environnement quotidien. Les murs de papier peint que laissent entrevoir les façades éventrées nous laissent songeurs des histoires qu'ils devaient abriter. Qu'en reste-t-il, et surtout qu'en faisons nous au juste de ces histoires qui sont aussi un peu les nôtres, comme autant de morcellements de celle à laquelle nous accordons une majuscule?
Ici, en questionnant l'idée que l'on se fait de la vie de quartier, témoignages et mots d'auteurs nourrissent nos interrogations sur la place laissée aux uns comme aux autres au sein de la cité.

Bercail de l'Internationale, et de son fameux compositeur Pierre De Geyter, le quartier populaire de Lille Fives avec son histoire emblématique de l'ère industrielle en mémoire - "...ici, c'est la ville qu'est venue à l'usine." - offre à cet ouvrage un contexte et un caractère particulièrement symbolique.

Ci-dessous, deux courts extraits de ma participation à cet ouvrage, édité de main de maître par La Contreallée.

Ici, d’abord, l’usine.
L’usine attire les paysans qui deviennent ouvriers.
L’usine enfante les maisons, en cités et corons, en quartiers.
L’usine fonctionne assez longtemps pour que s’installent des habitudes, une tradition, une culture, la tradition ouvrière, la culture ouvrière.
L’usine ferme pour diverses raisons (concurrence, modernisme, avidité, épuisement, obsolescence, caprice).
L’argent part ailleurs.
L’argent s’évapore.
Les personnes vivantes circulent moins vite que l’argent.
Les personnes vivantes sont plus lourdes que l’argent.
Les personnes vivantes réagissent moins vite que l’argent.
Les personnes vivantes sont plus solides que l’argent.
L’argent est liquide ou virtuel.
L’argent circule à la vitesse de l’éclair, un clic de souris et le voilà de l’autre côté de la terre, il est passé par ici, il s’est évaporé par là, il s’est échangé ici, il s’est valorisé là.
L’argent voyage sans passeport.
L’argent part ailleurs mais les personnes vivantes restent sur place, sur la place, sur le carreau.
Les personnes vivantes ne peuvent abandonner leurs maisons leurs souvenirs leur histoire.
Ou alors les personnes vivantes sont déchirées comme leurs maisons éventrées.
Les maisons des personnes vivantes, boîtes à souvenirs, boîtes à boutons, boîtes à musique, deviennent des éléments du plan d’urbanisme.

...

A la place du vide de la place, il y avait du plein de la vie avec des bonheurs et des souffrances, des rires et des pleurs, des mystères et des évidences.
A la place de la place, il y avait des maisons.
A la place des maisons, il y avait du blé, des betteraves, des vaches et des pommes de terre, du pain et du beurre, du bifteck et des frites.
A la place des maisons, il y avait des champs et des prairies.
A la place des champs et des prairies, il y avait des bois, des arbres et des arbustes, des hêtres, des chênes et des ormes.
A la place des champs et des prairies, il y avait une forêt.
L’arbre de la place cache la forêt.
Lucien Suel

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posted by Lucien Suel at 09:13

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Monsieur,
Cherchant à prendre des nouvelles de Madame B. je suis allé sur son blog où le message suivant s'est affiché : Nous sommes désolés, le blog à l’adresse etoilepointetoile.blogspot.com a été supprimé.
Connaissant les liens qui vous unissent, je vous serai gré de me rassurer.
Veuillez etc...
P/Z

10:24  
Anonymous Anonyme said...

évaporé alors le blog de Mauricette Beaussart... bon courage à la dame alors

14:11  
Anonymous Anonyme said...

À propos de place, faut-il envoyer Mauricette rejoindre Jeanne dans les "Tumuli" ?

23:35  
Blogger Lucien Suel said...

Je suis désolé de vous informer que suite à une dépression sévère (proche de la mélancolie), Madame Beaussart a pris des mesures radicales et sans doute exagérées, en détruisant son blog et son espace du myspace, à la suite de quoi, elle a malheureusement dû rejoindre la clinique des Tilleuls.
Je suis persuadé que lorsque son état se sera amélioré, elle reprendra ses activités virtuelles.

21:01  

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