lundi 20 janvier 2020

Claude Pélieu au Silo - VII.1.


VII
J'AI PASSÉ PAR LÀ POUR VENIR ICI
par Claude Pélieu

1
Amphétamine Cow-Boy en direct de la rue Sans Nom... Londres, 1971, série noire surréaliste dans le ghetto des mots et des idées... ombres grasses au-dessus des banlieues lépreuses... 1971, vous vous souvenez de ces photos - vous étiez scandalisés, émus, indifférents - vous n'étiez pas des barbares, comme ces jeunes soldats, comme Charles Manson - vos idées étaient bien à vous, donc vagues... et je disais qu'il n'y aurait jamais assez de violence, je n'aime pas la violence... Depuis j'ai brûlé ce que j'aimais, et j'aime ce que j'ai brûlé. Tout au long de la route, encore une fois, je vous raconte, vite, en gris, en noir, en couleur, comme ça, à l'emporte-mot, avec ma bombe tue-temps, mon herbe bleue, et tout - moi aussi je me suis trompé, je comptais intercepter quelque chose, le réel-surréel, quelque chose saisi au vol, en plein ciel, en chute libre, en haute mer, n'importe où - Prose-poursuite dans les rues du monde, karaté mental... pirouettes ! merveilles ! fêtes ! magie noire et blanche ! festivals de vie !.. je me souviens des mômes-pivoines et de leurs jeans tachés de foutre, des anges de l'enfer, des filles-fleurs aux yeux de ciel, tous défoncés, planants, comme on disait en ce temps-là... Bien sûr il y a eu des hauts et des bas, des conséquences, des effets désastreux, des accidents, et des rumeurs...

« De nos jours, fiston, il faut faire vite », avait coutume de dire Jimmy Cul-de-Poisson, appuyant sur l'accélérateur, feuilletant distraitement son dictionnaire surréaliste, avec quelle grâce !... toujours sur le ballasta!... Je comptais établir cette carte du cerveau, à travers une chaîne ininterrompue de poèmes, de cantos, de scripts, de collages, de bribes, de photos, de films, d'enregistrements, d'informations, et de visions, vite, brutalement, avec arrogance... Images uniques jaillissant de la nuit américaine, images sans cesse décodées, effacées, images-actions de l'absence, de la colère, de l'exil, de l'oubli, de la mort sans phrase, et surtout les images de la vie qui murmuraient gravement : CHANGER OU DISPARAÎTRE.

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posted by Lucien Suel at 08:12