mardi 14 mars 2006

Claude Pélieu 1977 (2)

Photo de Claude Pélieu par Mary Beach (1980)





J'AI PASSÉ
PAR LÀ
POUR VENIR ICI (2)




La nuit américaine chante - il pleut sur les livres de compte de Donald Duck - il pleut sur les bruits de l'ombre.

Il pleut sur les paumés entassés dans les rues nègres - des êtres infects maculent les affiches du silence - il y a toujours un malentendu, nous sommes là, cueillant les fruits pourris de la vieille culture, en liberté plus que surveillée... mouillant jusqu'à l'aube pour un p'tit bout d'poème, pour un p'tit coin d'paradis, une chansonnette... nos doigts se désintègrent sur les tables d'écoute, avec les silhouettes scandaleuses et les tubes trop connus... Alors, le grand éclair blanc, en direct d'Alamo - la grande, joyeuse et juteuse boucherie raciale - tout ceci peut paraître lointain, flou, dingue... Gigue dans la fosse aux visions... nous sommes au bout de la nuit, relisant la ballade des pendus de Sékou Touré... les spécialistes de la barre de fer vous souhaitent la bienvenue avec les gouines rouges... Pour Frank-la-Banane tout allait bien, il fredonnait « Hare Krishna » en épinglant son étoile jaune au revers de son poncho, son journal de bord était la fin de l'histoire.

Le monde est à feu et à sang, les super-puissances se livrent une lutte d'influence sans merci. Tout le reste est dérisoire. Ce sera eux ou nous. Il n'y a pas de compromis possible avec les Forces du Mal. Voilà ce que je pense aujourd'hui - nous ne sommes là pour personne, si vous approchez les gros revolvers rouges et les fusils à canons sciés aboient... Ils persistent à jouer le jeu, ils savent très bien qu'il n'y aura pas de révolution, ils se prennent au jeu, à l'unisson - marche-arrière dans le tunnel du temps - ils lisent le guide du Bricoleur dans l'hypermarché freudien - voici les éléments du dialogue... les guérilleros belges et suisses ont le goût des révélations... il n'y aura pas beaucoup de survivants - en ce temps-là nous nous posions des questions : Est-ce que les américains vont provoquer une énorme catastrophe avec leurs déficits ? Est-ce que les êtres supranormaux vont éliminer les assassins paranoïaques ? Est-ce que les robots vont massacrer les irrationnels ? Est-ce que les nains et les vilains de l'espace vont être mis hors d'état de nuire par les guides du temps ?... Un psychodrame fait de ragots et de bégaiements... Nous allons vous expulser dans le magma de permutations historiques... D'ailleurs il n'y a plus d'actualité... ne restent que les traces fulgurantes d'une super-production hollywoodienne... la seule machine à rêver... Programmés il y a longtemps les clodos de la nouvelle gauche sèment la dysenterie dans cette galaxie... des gens sans passé, sans avenir, sans durée, coincés entre ces millénaires d'images - Les astronautes sont revenus, un cancer triste tatoue le paysage et ravage le journal électrique de Times square, les cavaliers de l'Apocalypse chantent, braillent des obscénités... Qui êtes-vous dans ce mur de représailles ?

L'hébétude des derniers blancs se superpose sur ceux qui ont encore une couleur, un fond de teint, et que la déraison alimente - la direction, la trajectoire, les chiottes !... les gouines rouges, les SS en jupons, les travelos, les fonctionnaires tarés et les professeurs défilent dans les rues vides - une race de blattes athlétiques émerge du bouillon de culture - la famille nucléaire biologique tire un coup à blanc dans la pastèque de l'Oncle Tom... L'Oncle Sam se paluche devant l'écran de télé tuberculeuse, le cul dans un baquet de tripes - les anges occidentaux s'accouplent aux tartares communistes et à quatre pattes bouffent leurs excréments - le nègre de service sifflote St Louis Blues et bafouille devant l'ampleur du génocide - Chiens et rats marchent dans vos rêves, vous êtes là, dans ce monde ou dans l'autre, pour le meilleur et pour le pire - Jim Lafleur, Beef Puke Charlie et Johnny Pissoff improvisent dans la jungle de bandes dessinées.

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posted by Lucien Suel at 18:05

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

ohlàlà, quelle étreinte. C'est bien bien beau.

03:53  

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