Le pouvoir de la critique par Stephen Vizinczey
StephenVizinczey
« Vérités et mensonges en littérature », Folio 2006
Traduit de l'anglais par Philippe Babo et Marie-Claude Peugeot
Un court extrait du chapitre intitulé : Le pouvoir de la critique
[...] Il tombe sous le sens que si les éditeurs de chaque pays s'entendaient pour ne pas publier plus de cent romans et plus de deux cents ouvrages de sciences humaines ou essais par an, aussi bien les livres que la critique seraient d'un plus haut niveau et moins de bons livres seraient perdus pour le public. Aujourd'hui, un écrivain parvient relativement facilement à faire publier son livre, mais même s'il s'agit d'un chef-d'œuvre, il peut tout aussi facilement se perdre parmi les milliers de livres qui, tout bonnement, n'auraient jamais dû être publiés.
La grande majorité des livres inutiles est écrite au sujet de la littérature par des universitaires et imposée aux étudiants, ce qui les prive du temps dont ils auraient besoin pour lire et relire les grands écrivains. La plupart de ces livres ont pour objet d'énumérer les échecs de Tolstoï ou les imperfections de Shakespeare, ou de nous démontrer que Gogol était un petit homme un peu toqué. Ainsi, les étudiants apprennent à quel point leurs médiocres professeurs sont plus intelligents que les plus grands esprits de la civilisation occidentale.[...]
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