Mon poème Eszalo (Les Saules) a été publié par Ivar Ch'Vavar en mars 1998 dans "le jardin ouvrier" n° 16. C'est mon deuxième poème écrit en langue picarde, après Duki son chévio (Où ont les veaux ?)
Il existe à ce jour trois autres versions de ce poème : en français, en néerlandais et tout récemment une version en occitan, traduction de Bruno Peyras qui a également traduit Patismit dans sa langue occitane pour la revue "OC". Nous avons lu ces deux poèmes, en picard et en occitan, pour le public présent à Sète à l'occasion du festival Voix Vives 2023.
Voici donc les quatre versions du poème avec une photo de Josiane Suel
los sauses
son los arbres que m’agradan mai los ai totjorn agachats
plan tendrament e mai quand èri jove
èron de bon escalabrar e sovent
de passerats pichons i nisavan pels traucs
ara es pas parièr soi pas mai pro sople
per escalabrar los arbres e mai de sauses e quant als passerats
los daissi en patz dins son nis mas demòra quicòm
ambe’ls sauses soi totjorn plan content quand
ne vesi un aquò’s pas talament las fuèlhas es segur que
son polidetas semblan lo peis que se ditz espinagueta
e i a tanben aquela bona nolença quand se passa dejós
mas cresi que se los aimi tant es perqué tenon
pas una fòrma naturala es l’òme que los cepa
segur qu’es el es l’òme que lor dona un
cap una cabassa plena de bòças e mai ieu
ne cepèri de sauzes los plantèri aicí al cap de mon
òrt ja fa qualquas annadas veses te cal préner
una branqueta jove de sauze la cal enfonsar dins la tèrra
aquò farà totjorn de fuèlhas e de raices puèi ba copas
e torna far de brancas a la cima l’annada d’apuèi e ben
las tornas copar, fas atal cada an ba fas metam
pendent cinc sièis ans a fòrça lo cap se fòrma
puèi ba cal pas copar tan sovent ba daissas venir gròs
ambe’ls sauzes se degalha pas res se poiriá dire
que lo sauze es lo porcèl de l’òrt tot i es bon
ambe las fuèlhas se fa de fems, s’utiliza los ramèls
per paisselar los plants de peses cal préner las brancas mai longas
pels favòls a ramas quand son bravament gròssas
se’n pòt servir de lenha e quand lo sauze ven
vièlh qu’es a mitat poirit se càmbia en terranha
ne metes dins los geraniums mas çò que i a de pus bèl
ambe’ls sauzes es qu’an lo cap a la meteissa nautura
que tu e ieu quand soi a costat d’un alavetz
me pòdi pas empachar d’i passar tot doçament
la man pel cap li careçi son capàs.
Adaptacion
a l’occitan Bruno Peiràs
(ajudat per Josiana Ubaud pel vocabulari
bontanic)
chészap ekjalpuker jesza toudi ravizé
aveukgramin dtindrech memkankjétojonn
izétott facilagrimpé é yavokor souvin
déjonnmuchlo kiféjott leuni dinchétro
asteur chépuparel jénsumipu acésuptil
poumontéaszap mem edszalo épichémonio
jlélechtrankil dinleuni méyacorkitkos
ackeszalo echsu toudi finbénach kanké
jninvouin chépontanchéfeul chéssurkal
sonbélott aszarsonn adé tiott zépinok
épiya chbonsintimin kankonpassindzeur
méchkrouksi keusza ker chetakos kizon
pon ennformnaturel chéchlomm kiléform
ché sur chéli chéchlomm kileudonn enn
tett enn gross tett plennedboch mimem
jennafé dzalo eszaplanté ichioboudmin
gardin yadja kikzané tévou ifo printt
enn jonnbrankdalo ifolintiké dinlterr
chafétoudidéfeul édérachenn épitélkop
éyarfé débrank totin o lanédapré ébin
tzarkop téfékomchatouszan telfé méton
pindinchenksizan aforch eltett asform
aprételkoppu sisouvin tel lechgrochir
ackeszalo tenn gaspilpon mirin tédiro
klalo chélpourcho dechgardin touyébon
chéfeul chédufi-in chétitt zéramur in
léprin pouchétiopo é chélonkbrank ché
pouszarikoaram kankinna dévrémingross
téléprin poutkofé épikankchlalo i vi-
in viu kiéamitanpouri chafédutéro tel
médinché jéraniom mécor chakia dpubio
ackeszalo chékizonleutett almem oteur
kti é mi kankechsuakoté denn alo jenn
peuponfer otremin kedpassé touduchmin
em-min sustett jli karess esgrosstett
Photo Josiane Suel
ce sont mes arbres préférés je les ai toujours regardés
avec beaucoup de tendresse même dans ma jeunesse
on pouvait y grimper aisément et souvent
de jeunes moineaux y faisaient leur nid dans les trous
maintenant les choses ont changé je ne suis plus assez souple
pour grimper dans les arbres même les saules quant aux moineaux
je les laisse en paix dans leur nid mais il reste quelque chose
avec les saules je suis toujours content quand
j’en aperçois un ça n’est point tant à cause des feuilles c’est sûr qu’elles
sont jolies on dirait des petites épinoches
et il y a aussi cette bonne odeur lorsqu’on passe en dessous
mais je crois que si j’aime tant les saules c’est parce qu’ils n’ont
pas une forme naturelle c’est l’homme qui les forme
c’est sûr c’est lui c’est l’homme qui leur donne une
tête une grosse tête pleine de bosses j’ai moi-même
formé des saules je les ai plantés ici au bout de mon
jardin voilà déjà quelques années vois-tu il te faut prendre
une jeune branche de saule il faut l’enfoncer dans la terre
ça fera toujours des feuilles et des racines ensuite tu coupes
et d’autres branches repoussent au sommet l’année suivante eh bien
tu les coupes encore tu procèdes ainsi tous les ans tu fais ça disons
pendant cinq ou six ans à la fin la tête se forme
ensuite il ne faut plus couper aussi souvent tu laisses grossir
avec les saules on ne gaspille rien on pourrait dire
que le saule c’est le cochon du jardin tout est bon chez lui
on composte les feuilles on utilise les rameaux
pour tuteurer les plants de petits pois on prend les plus longues branches
pour les haricots à rames quand elles sont vraiment grosses
on peut s’en servir pour le chauffage et quand le saule
vieillit qu’il est à moitié pourri il se transforme en terreau
tu en mets dans les géraniums mais ce qu’il y a de vraiment bien
avec les saules c’est qu’ils ont leur tête à la même hauteur
que toi et pour ma part quand je suis à côté d’un saule je ne
peux pas m’empêcher de passer tout doucement
ma main sur sa tête je lui caresse sa grosse tête
(traduit du picard par l’auteur)
avec le saule on peut dire qu'on attrape facilement la grosse tête (de quoi pleurer, sans doute) (bel été mon Lulu) P
RépondreSupprimerOui mais ami, mais le saule produit aussi l'aspirine qui soigne les maux de tête... Bonou à tioci !
RépondreSupprimer« L'adolescente s'agrippe à un "têteau de saules".
RépondreSupprimerToute sa vie George Sand se cramponne à un "têteau de saules".
→ Pascal Quignard (pq), Les désarçonnés, p14. Folio n°5745.